SI SYLVAIN FORT N’EST PAS JOURNALISTE ET NE PRÉTEND PAS L’ÊTRE, SA NOUVELLE POSITION COMME « COMMUNICANT EN CHEF DE L’ÉLYSÉE » LE REND INCONTOURNABLE DANS LES MÉDIAS FRANÇAIS. NÉ LE 31 JANVIER 1972 À CHARENTON-LE-PONT (94), SYLVAIN FORT EST TRADUCTEUR, ESSAYISTE ET CRITIQUE MUSICAL FRANÇAIS. DEPUIS MAI 2017, IL EST CHARGÉ D’ÉCRIRE LES DISCOURS DU PRÉSIDENT EMMANUEL MACRON. MI-SEPTEMBRE 2018, IL EST NOMMÉ À LA TÊTE DE LA COMMUNICATION PUBLIQUE DU PRÉSIDENT, OÙ IL REMPLACE EN PARTIE BRUNO ROGER-PETIT, JOURNALISTE DE COUR ET VICTIME COLLATÉRALE DE L’AFFAIRE BENALLA.
FORMATION
Il remporte un 2nd prix en version grecque au concours général des lycées 1988, alors qu’il est élève au lycée Hélène Boucher à Paris. Ensuite, il effectue le cursus honorum – prépa lettres à Henri IV et École Normale supérieure (promotion 1991). Agrégé de lettres classiques en 1994, il est docteur ès études germaniques de l’université Paris-IV en 2000. Sa thèse concerne l’influence culturelle française dans les drames de jeunesse de Friedrich von Schiller.
PARCOURS PROFESSIONNEL
1996 : il entreprend la traduction nouvelle des pièces de Friedrich von Schiller aux éditions de l’Arche.
Depuis 1999 : il dirige la collection « Tête à tête » aux éditions l’Arche, consacrée aux essais méconnus d’auteurs classiques ou contemporains.
Jusqu’en 2002 : il enseigne la littérature comme allocataire-moniteur, puis comme agrégé détaché à l’université Paris IV et à l’IEP de Paris.
Février 2002 : recruté au cabinet de Michel Pébereau, président de BNP Paribas, puis vice-président de BNP Paribas Corporate and Investment Banking avant de rejoindre en Italie l’équipe d’intégration BNL-BNP Paribas
2008 : il entre à DGM Conseil, qui conseille notamment Vincent Bolloré et Bernard Arnault.
2010 : directeur des affaires publiques et de la communication de Scor.
2012 : directeur du développement de Sia Conseil.
2013 : cofonde avec Daphné Claude Steele&Holt, nom qui fait référence à une série américaine Les Enquêtes de Remington Steele. L’agence est spécialisée dans la communication d’entreprise et bancaire. Dans ses clients se trouve Geoffroy Roux de Bézieux, président du MEDEF depuis le 3 juillet 2018.
Selon Le Monde (11/09/2018), le cabinet vise les gestionnaires d’actifs et les banquiers d’affaires, mais a aussi des activités internationales, auprès de l’opposition syrienne et de l’Arabie Saoudite : « On aperçoit Sylvain Fort à Genève, en 2016, lors des négociations sous l’égide de l’ONU sur la Syrie, aux côtés de l’opposition démocratique, qu’il conseille. […] Fin 2014, un de ses clients, une filiale de la Caisse des dépôts, négocie avec le richissime prince [saoudien] Al-Walid la création d’un fonds d’investissement commun. Conseil des Français, le cabinet est remarqué par les Saoudiens, qui feront plus tard appel à lui pour améliorer l’image du royaume en France. Depuis le départ de son patron pour l’Elysée, le cabinet a ainsi assuré la communication en France du prince héritier, Mohammed Ben Salman, et celle de son ministre de la culture, venu justement signer en avril un accord de partenariat avec l’opéra de Paris ».
Été 2016 : il cède la gérance de Steele&Holt à une société dénommée Nibelungen et la dissout en novembre 2017.
PARCOURS MILITANT
Il était chevènementiste lors de ses études à l’ENS et est né dans une famille de gauche, avec quatre grands-parents communistes et une mère socialiste.
Certains ont affirmé qu’il a conseillé Laurent Wauquiez en 2010, ce qu’il a démenti. Mais il confirme pour le Monde (11/09/2018) que « en 2011, « à raison d’une fois par mois », il fréquente le ministre de l’enseignement supérieur, Laurent Wauquiez ».
En 2011, il a participé à quelques réunions du groupe de Jean-René Fourtou qui aurait œuvré en secret à la réélection de Nicolas Sarkozy. Il est alors considéré « proche de l’institut Montaigne », qui cherche à concilier libéralisme et cohésion sociale.
Le 30 août 2016 il devient conseiller à la communication du candidat Emmanuel Macron. En mai 2017 il devient chargé des discours et de la mémoire au sein du cabinet de la présidence. Juste avant, il a été accusé d’avoir traité Yann Barthès de « gros connard » et de « débile profond », mais dément les deux expressions.
PUBLICATIONS (HORS TRADUCTIONS)
Saint-Exupéry Paraclet, Paris, PGDR, 2017, 91 p.
Herbert von Karajan : Une autobiographie imaginaire, Arles, Actes Sud, coll. « Classica », 2016, 154 p
Puccini (préf. Roberto Alagna), Arles, Actes Sud, coll. « Classica », 2010, 120 p.
« L’Art du Lied», Diapason, Paris, no 535, avril 2006, 64–69
Friedrich Schiller, Paris, Éditions Belin, coll. « Voix allemandes », 2003, 192 p.
Les Lumières françaises en Allemagne : Le Cas Schiller, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Écriture », 2002, 232 p.
Le Romantisme : anthologie (présentation, notes, chronologie et dossier par Sylvain Fort), Paris, Flammarion, coll. « GF Étonnants classiques » (no162), 2002, 96 p.
Lire le Quatrevingt-treize de Victor Hugo : leçon littéraire, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Major », 2002, 123 p
Leçon littéraire sur l’amitié, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Major », 2001, iv-128 p.
CE QU’IL GAGNE
Non renseigné
COLLABORATIONS
Diapason
Opéra Magazine
La lettre du musicien
Directeur de publication de forumopera.com qu’il a rejoint en 2002 et dont il a démissionné en 2007. Selon Le Monde, il « s’est fait connaître par des éditoriaux passionnés»
Collaborateur régulier de Classica
SA NÉBULEUSE
Matthieu Lainé qui le présente à Emmanuel Macron, Karol Beffa, Maurice Lévy (qui se fait l’entremetteur avec Emmanuel Macron en juin 2016)
Ismaël Emelien, Emmanuel Macron
Guillaume Peltier, Geoffroy Didier, Laurent Wauquiez, Camille Pascal (en 2011 plume de Nicolas Sarkozy à l’Élysée), Charles Villeneuve.
Louis de Raguenel chez Valeurs Actuelles, selon Le Monde.
IL L’A DIT
« On a joué depuis des années avec la sécurité des Français. En considérant le budget des armées comme une simple variable d’ajustement, on a créé le risque réel pour la défense nationale d’une rupture de faisceau. Or les armées ne sont pas un thermostat qu’on actionne selon qu’il fait froid (temps de paix) ou chaud (temps de guerre). La formation militaire, l’aguerrissement, l’apprentissage qui sont nécessaires pour faire émerger un soldat capable de défendre ses concitoyens sur notre territoire ou à l’extérieur requièrent des années. Faire peser sur ce processus l’aléa budgétaire, c’est diminuer la capacité de nos armées à se renouveler, à transmettre, et tout simplement à attirer des éléments de bonne qualité. Autrement dit, c’est multiplier les trous dans la raquette, jusqu’à ce qu’il y ait plus de trous que de raquette », Le Huffington Post, 23/03/2015.
« Les opérations récentes ont démontré une réalité […] : la France est seule. Elle est, avec le Royaume-Uni – dont les intérêts stratégiques sont loin de toujours converger avec les nôtres -, la seule puissance militaire européenne capable de mener des opérations ambitieuses pour la sauvegarde d’intérêts majeurs, qu’ils soient humanitaires, politiques ou économiques. Nous ne pouvons compter que sur nos propres forces. L’Europe de la défense, c’est nous […] Traiter cette question avec les lunettes d’un comptable en CDD n’est plus acceptable », ibid.
« On ne pas va finir le quinquennat dans un abri antiatomique. Il faut démilitariser notre communication », Le Monde, 11/09/2018, op.cit
« Le système académique ne me convenait pas, il est peu méritocratique, je suis devenu la plume de Pébereau comme tant de normaliens qui ne savent pas quoi faire de leurs dix doigts », ibid.
« Le duel Sarko-Hollande, très peu pour moi. Je n’étais pas spécialement réjoui par le bilan du président socialiste et je trouvais le système rouillé », ibid.
ON L’A DIT SUR LUI
« Le premier d’entre eux, c’est Sylvain Fort », Emmanuel Macron au sujet des écrivains qui l’entourent dans sa campagne présidentielle.
« 45 ans, passé par BNP Paribas, a la carrure imposante et le verbe haut. Normalien, agrégé de lettres classiques, fondu de Puccini, critique musical et auteur d’ouvrages remarqués, parmi lesquels Herbert von Karajan, une autobiographie imaginaire (Actes Sud, 2016), il fuit la lumière », Le Monde, 18/05/2017
« Comme Macron était, «en même temps», Ricœur et Rothschild, Gide et Bercy, Fort était à la fois Plutarque et Pébereau, clavecin BWV et DGM Conseil », L’Obs, 26/06/2017
« Il ne faisait pas partie de la petite équipe historique de fidèles formée à Bercy. Et pourtant: en quelques mois, Sylvain Fort, 45 ans, s’est imposé comme l’un des plus proches conseillers d’Emmanuel Macron. Depuis son bureau du quatrième étage du pavillon central de l’Élysée, ce communicant planche sur les discours du président de la République, sur fond de musique classique. Fonction officielle: «conseiller discours et mémoire», Le Figaro, 03/07/2017.
« La com’ a beau être l’un des nombreux métiers qu’il a pratiqués, il n’apprécie guère la gent journaliste, surtout dans sa version politique, qu’il juge généralement superficielle. C’est à elle qu’il va devoir faire le récit du quinquennat d’Emmanuel Macron et, dans cette pédagogie-là, il excelle » L’Express, 11/07/2018.
« A quoi ressemble le macronisme, objet non identifié depuis plus de deux ans ? Il a le visage de Sylvain Fort, conseiller discours et mémoire d’Emmanuel Macron, inconnu du public, essentiel dans le dispositif élyséen. Parce qu’il traduit en mots la pensée d’un président qui affirme que tout est dans ses textes. Parce que le personnage ressemble à ce patron qu’il sert avec une fougue sacrificielle. On ne parle jamais que de soi et les discours trahissent leur auteur, ce Sylvain inspiré par Emmanuel, ce Macron qui dit les paroles de Fort. L’un dans la lumière, l’autre dans l’ombre », ibid.
« Ceux qui ont côtoyé Sylvain Fort, 46 ans, dans ses multiples vies en disent tous la même chose : cultivé, intelligent, esthète. Ceux qui le connaissent bien insistent sur sa bougonnerie joyeuse, son énervement contre la médiocrité. Vaste combat… Ils ont noté la photo de son profil sur la messagerie WhatsApp. Un samouraï », ibid.
« Il en avait un peu marre des journalistes. Il va devoir se remettre à leur parler. Ancien conseiller presse d’Emmanuel Macron pendant la campagne de 2017, Sylvain Fort occupait depuis la victoire la fonction de «conseiller discours et mémoires». Il écrivait des discours au kilomètre et rencontrait des intellectuels dans son bureau situé au-dessus de celui de son patron, à l’Élysée », Le Figaro, 10/09/2018.
« Au soir de la victoire, le 7 mai 2017, le président de la République n’a plus besoin de baryton, mais Sylvain Fort a su une nouvelle fois se rendre précieux. Quelle version de l’Hymne à la joie pour accompagner la marche du vainqueur de la présidentielle à travers la cour carrée du Louvre ? Pendant que, hors du champ des caméras, Alexandre Benalla guide les pas d’Emmanuel Macron le long de la pyramide, Sylvain Fort impose sa baguette de chef d’orchestre à la cérémonie. Il choisit sans hésiter l’interprétation d’Herbert von Karajan, auquel il a consacré une biographie juste avant le lancement de la campagne présidentielle », Le Monde, 11/09/2018.
« En 2015, il étrille dans un feuilleton à clés le directeur de l’Opéra de Paris, Stéphane Lissner, élégamment baptisé « Stephanov Sifilissner », et son numéro deux, Jean-Philippe Thiellay, alias « Fistule ».[…] Fin 2015, nouvelle bagarre contre le directeur de l’Opéra. Stéphane Lissner a décidé d’installer des cloisons amovibles dans les loges historiques du Palais Garnier. Colère de Sylvain Fort. La pétition qu’il lance sur le site internet Change.org réunit 34 000 signataires. Même le New York Times s’y intéresse. Le communicant prouve qu’il sait ferrailler, mener des batailles d’opinion et des guerres d’influence. Des talents utiles à l’Élysée, lorsque l’expérience politique est à la fois brève et récente », ibid.
« Le 14 juillet, en clôture du défilé parisien, la soprano Julie Cherrier devait interpréter La Marseillaise et L’Hymne à l’amour de Piaf devant le président et des millions de téléspectateurs – un programme arrêté avec le gouverneur militaire de Paris depuis le printemps. Quelques jours avant le défilé, sa prestation est annulée sur décision de l’Élysée. La soprano vient justement d’épouser le chef d’orchestre Frédéric Chaslin qui a imprudemment partagé sur Facebook un message critiquant la campagne menée par Sylvain Fort contre le directeur de l’Opéra de Paris », ibid. L’intéressé affirme au Monde que la séquence n’était « pas au niveau ».
« Une silhouette à l’allure sage, un visage rond et des cheveux bruns. Sylvain Fort », Valeurs Actuelles, 11/09/2018.