Farid Abdelkrim, humoriste nantais, empêcheur de tourner en rond chez les musulmans, lance sa série web du vendredi, jour de prêche dans les mosquées. Objectif : contrer les discours simplistes sur la religion. L’initiative est, de fait, un acte de prévention de la radicalisation.
Il a été président des Jeunes musulmans de France, et est l’auteur de Pourquoi j’ai cessé d’être islamiste. Depuis 2010, il monte sur scène pour ses one-man-show qui bousculent les préjugés sur l’islam et les musulmans.
Qu’est-ce qu’un « islamiste »? Comment le devient- on? Et comment cesse-t-on de l’être? Chacun pense pouvoir répondre rapidement…. A voir!
Le parcours de Farid Abdelkrim ressemble à celui de beaucoup d’autres jeunes. Et c’est peut être inquiétant. C’est un enfant bien inséré dans son quartier, se plaisant à l’école, ayant une vie familiale sans histoire.
A l’adolescence les choses basculent. Il passe son temps avec des copains douteux. Le rôle joué par le décès de son père est difficile à évaluer. Il verse dans la délinquance jusqu’ à ce qu’un ami soit abattu par la police devant ses yeux.
Il se sent vide, creux. Ce vide est comblé par des affirmations religieuses aussi péremptoires que sans consistance. Il se fait prêcheur : l’islamophobie est la cause de toutes les difficultés, l’islam la réponse à tout.
Comme il est intelligent et instruit, il « monte en grade ». Il s’engage et prend des responsabilités dans divers mouvements islamiques. Cette expérience lui permet de brosser un tableau sans rancœur mais sans complaisance des instances musulmanes de France : Frères Musulmans, AOIF (Association Islamique de l’Ouest de France, association membre de l’UOIF), UOIF (Union des Organisations Islamiques de France), CFCM (Conseil Français du Culte Musulman).
La logique n’est pas tant celle de l’amour de Dieu et des frères que celle du pouvoir, assez autoritaire parfois. Peu à peu il prend conscience des incohérences du système. Il démissionne de ses postes, et vit désormais un islam plus réfléchi, plus intérieur. Il ne cherche plus à convaincre les autres mais à vivre avec eux. A vivre avec eux dans la joie puisqu’il mène actuellement une carrière d’humoriste.
Le livre a plusieurs pôles d’intérêt : intérêt humain, par le récit du parcours de Farid, avec une fin « heureuse » mais s’il n’y avait que cela ce serait juste anecdotique ; un énorme intérêt documentaire aussi car le livre nous permet de pénétrer dans un univers habituellement réservé aux membres musulmans engagés, et d’en comprendre les mécanismes. C’est primordial pour analyser les événements et les mouvements de société actuels. Un témoignage unique et éclairant.