« Une candidature, c’est particulièrement coûteux. Cette course au toujours plus a laissé des éléphants blancs dans certaines villes. Les Jeux, ça coûte cher, la candidature coûte cher. Et les Jeux dispendieux, ce n’est plus d’actualité. Les Parisiens attendent de moi du logement, des équipements, de la justice, de la facilité économique. » Ainsi parlait Anne Hidalgo en 2014. Elle ajoutait, judicieusement, « ce n’est pas au contribuable parisien de supporter ça ». Elle était alors en campagne électorale pour succéder à Bertrand Delanoë et les sondages indiquaient que les Parisiens n’étaient pas favorables à l’accueil dans la capitale des Jeux olympiques de 2024. François Hollande, auquel elle s’opposait et qui était au plus haut de son impopularité, les voulait, lui, ces Jeux, un motif de plus pour cette politicienne de les refuser.
La voilà élue, changement de cap ! Elle veut désormais que Paris les obtienne, déploie son zèle et… l’argent des contribuables pour les avoir. Ce qu’elle déclarait « dispendieux » devient rémunérateur, une pluie de retombées économiques inondera Paris, la région parisienne et la France, promis ! Elle espère que la réussite éventuelle de ces JO fera briller son blason passablement terni à cause, entre autres, d’une capitale où circuler relève du parcours du combattant.
Les JO auront donc bien lieu à Paris, mais à « vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Nous avons gagné par forfait. Toutes les villes sollicitées ou qui songeaient à être candidates, ont fini par renoncer, pour le même motif que donnait Mme Hidalgo en 2014 : trop cher, les habitants ont d’autres priorités, « du logement, des équipements ». Les cris de triomphe entendus à Lima après un faux suspense, étaient déplacés et artificiels. Dame Hidalgo essaie de faire monter les clameurs de la population, en vain, ce n’est pas l’enthousiasme, c’est au mieux une indifférence teintée d’inquiétude, les Parisiens se demandent combien ça va leur coûter. Ils savent aussi qu’il sera encore plus difficile de se déplacer dans la capitale et ses alentours pendant ce temps-là.
Toutes les villes olympiques se sont retrouvées avec une facture astronomique, les contribuables grecs règlent encore ceux d’Athènes de 2004. Pour les Jeux de Londres, en 2012, l’enveloppe initiale était de cinq milliards d’euros, la note finale fut de 11 milliards ! Ça n’arrivera pas chez nous, c’est juré : ce sera 6,6 milliards pas un centime de plus. Nous serions meilleurs gestionnaires que les Britanniques et que tous les autres ! Qui peut le croire dans un pays qui croule sous les déficits publics et dont les prévisions budgétaires sont régulièrement démenties par les faits ? Pour abonder le budget des JO, les Parisiens mettront la main à la poche, les collectivités locales également mais aussi l’Etat. Le président Macron, après avoir amputé les crédits du ministère des Armées de 800 millions pour 2017, entraînant la démission du chef d’état-major le général Pierre de Villiers, trouve un milliard pour subventionner ces JO. Voilà un président qui fait passer le sport avant la sécurité des Français !