Située à cheval entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, la mer d’Aral, forte de 66 000 km², était autrefois le quatrième lac salé du monde. Mais à compter de 1960, les Soviétiques commencèrent à détourner les deux rivières qui l’alimentaient afin d’irriguer les champs de coton, en provoquant l’assèchement. Peu à peu, la mer a laissé place à de grandes étendues désertiques. Depuis la construction d’un barrage en 2005, l’eau commence à remonter, et avec elle l’espoir des habitants. Pour atteindre les villages kazakhs autour de la mer d’Aral, en Asie centrale, la route est longue. Il faut d’abord faire escale dans l’une des deux grandes villes du Kazakhstan, au choix : la nouvelle capitale, Astana, ou l’ancienne, Almaty, puis prendre un avion pour atterrir à l’aéroport le plus proche de la mer d’Aral, Kyzylorda, et enfin parcourir près de 500 kilomètres d’autoroutes et de pistes avant d’arriver à destination… Sur place, nous découvrons des villages envahis par le sable. Les tempêtes de sable, qui n’existaient pas avant l’assèchement de la mer d’Aral, sont devenues fréquentes. Les épisodes de sécheresse aussi. Tous les anciens le disent : les conditions météorologiques ont changé le paysage. La verdure d’autrefois a disparu. La mer a emporté avec elle la beauté de cette région. Le retour de la mer n’est plus un mirage Dans les années 1960, la ville portuaire d’Aralsk était le joyau et le poumon économique du Kazakhstan, alors sous le joug de l’URSS. Avec la disparition de la mer, elle est devenue une ville fantôme, désertée par ses habitants. Mais depuis quelques années, elle revit peu à peu. La mer n’est plus si loin, à 30 kilomètres à peine. En 2005, la Banque mondiale et le gouvernement du Kazakhstan ont investi dans la construction du barrage de Kokaral, long de 13 kilomètres. Depuis, le retour de la mer n’est plus un mirage, mais une réalité. Au marché, les poissons refont leur apparition. L’activité économique reprend peu à peu. Dans le village voisin de Tastoubek, la mer est déjà revenue. Pour y accéder, il faut rouler dans les steppes environ une heure avant de trouver 25 maisons de pêcheurs. Quand tout le monde est parti, ces derniers ont décidé de rester et sont parvenus à survivre grâce à l’élevage de chameaux. Aujourd’hui, le retour de la pêche, certes timide, suffit à leur donner le goût d’une relative prospérité. L’un des anciens du village nous le dit : “Le retour de la mer nous a apporté l’électricité, des voitures, la climatisation. Pour rien au monde nous ne quitterions le village”.
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