Prison de femmes ! Après deux ans d’absence des plateaux de cinéma, Sophie Marceau, celle que certains surnomment « la petite fiancée des Français », revient sur les écrans dans un film coup de poing sur l’univers carcéral au féminin signé Audrey Estrougo.
Un film bien loin des comédies légères et gentillettes (La Boum, L’étudiante, Lol…) auxquelles l’actrice semblait abonnée.
Dans La Taularde, elle se retrouve au mitard sous les traits de Mathilde (qui n’est pas près de revenir et de changer ses draps), professeur de lettres emprisonné pour avoir aidé l’homme de sa vie, un braqueur de banque, à s’évader.
Un sacré choc des cultures pour cette intellectuelle qui se retrouve dans un univers carcéral violent. Un enfer dans lequel elle va devoir survivre, dans une cellule délabrée moins vaste qu’une boîte à chaussures de nain de jardin, à la promiscuité, au manque d’hygiène (même le « PQ », faute de budget, arrive à manquer), aux coups bas, aux magouilles, aux insultes, se battre et s’imposer face à des détenues de toutes origines ethniques (essentiellement noires et arabes) au QI de tourniquet d’arrosage, aux gestes et au langage moins châtiés que ceux d’un membre du Jockey Club ou du Rotary.
Bref, un endroit qui déprimerait même un bonhomme de neige heureux d’avoir une carotte neuve en guise de nez. Un lieu insalubre, un monde à la « Mad Max » où les « matonnes », elles aussi « prisonnières », sont au bord du burn out. Ses seuls espoirs : avoir des nouvelles de l’extérieur, notamment de son compagnon truand, du moins si celui-ci ne se fait pas dessouder entre-temps, et la révision de son procès. Ses seuls soutiens : sa force de caractère et son fils (Benjamin Siksou) qui lui rend visite même s’il ne supporte pas le sacrifice de sa mère pour son « Jules ». Reste à savoir si Mathilde, numéro d’écrou 383205-B, redeviendra Mathilde ou si elle restera une taularde comme les autres ?
Derrière les barreaux ! Comme dans Un Prophète, de Jacques Audiard, Audrey Estrougo nous entraîne au cœur de la grande honte des prisons françaises avec ce quasi docu-fiction très réaliste (peut-être même en dessous de la réalité). D’où une plongée saisissante et glauque au cœur d’un enfer carcéral au féminin qui n’a rien à envier – peut-être est-il même pire – à celui des hommes et une dénonciation des conditions de détention « politiquement incorrectes » et d’une authenticité à couper le souffle et à aigrir une Taubira.
Pierre Malpouge – Présent