Dans le cadre de la Journée mondiale du préservatif féminin, un vagin géant est exposé à la Maison des étudiants de Poitiers. Avec un but éducatif. Les événements se télescopent parfois pour la bonne cause. Avec la ferme intention d’organiser une seconde « Clitoris party » (la première a eu lieu au Plan B le 19 mars) , l’association des « Ami-e-s des femmes de la Libération » (qui aide les victimes de la traite humaine tout essayant d’alerter l’opinion publique afin de lever des fonds), a souhaité organiser le même événement, au mois de novembre prochain, à la fois dans un bar mais aussi au plus près des étudiants avec un but à la fois festif et éducatif.
L’université a non seulement donné son accord mais a aussi octroyé une subvention afin d’organiser l’événement.
Un événement en deux temps puisqu’il comporte également la création d’un vagin géant réalisé en grande partie avec des préservatifs féminins et qui sera exposé à la Maison des étudiants pour la Journée mondiale des préservatifs féminins, ce vendredi à partir de 16 h.
Pour réaliser cette œuvre – moins monumentale mais plus « détaillée » que « Vagin de la reine » (château de Versailles) d’Anish Kapor – et préparée en quelques jours seulement dans les locaux de Zo Prod, les artistes Emma Crews (membre de l’association « Les Ami-e-s des femmes de la Libération ») et Laureen Romégiéras (alias « UnCorps power ») ont sollicité le laboratoire Terpan, premier fabricant de préservatifs féminins.
« Nous avons constaté une vraie évolution avec l’utilisation du préservatif féminin, confirme Emma Crews. Même s’il est plus difficile à trouver et plus cher, il est surtout distribué pour le moment par des associations. Avec des bénévoles d’Ekinox (2), nous avons pensé qu’il était important d’en parler, d’informer et de faire quelque chose avec les emballages. »
L’idée a fait son chemin. Emma Crews a écrit à « The female health compagny » (qui commercialise les préservatifs féminins du Laboratoire Terpan). « Nous leur avons soumis notre idée tout en leur demandant leur soutien. Ils ont accepté et nous ont suggéré d’exposer notre œuvre lors de la Journée du préservatif féminin», raconte Emma Crews.
«Ils nous ont envoyé 500 préservatifs et une large gamme de leurs produits. Et Kamal Yahiaoui, le responsable du Laboratoire (3) sera présent ce vendredi à la Maison des étudiants. »
L’occasion de parler de sujets graves comme l’excision, le viol… ou encore plus légers comme le rôle du clitoris dans la sexualité féminine ou le plaisir en général.
La première soirée a permis de récolter plus de 1.000 € qui ont été utilisés pour payer des frais juridiques et financer des transports à Paris dans le cadre de demandes d’asile. Ekinok est un collectif départemental de réduction des risques en milieu festif.) Parmi les personnalités attendues, seront également présents : Julien Toulouse (magasin Plaisirs dévoilés), Isabelle Lamothe, vice-présidente de l’université (chargée de la culture et de la vie étudiante) et Céline Magnan, directrice de la Maison des étudiants.
Pour construire l’œuvre, Emma Crews et Laureen Romégiéras ont utilisé des matériaux de récupération. L’armature en baleines d’osier souples provient d’une robe d’un précédent spectacle en 2012 intitulé « Reine des neiges » et d’une autre qui a servi à une exposition sur le thème du viol.
Le vagin géant est également constitué de velours, de carton, de collants, d’écharpes et d’une robe traditionnelle de Corée du Sud. « Il est très important de faire un sexe très beau, explique Emma Crews. C’est primordial d’utiliser les arts dans un but ludique et éducatif. Nous aurons aussi un panneau qui explique le projet. Je souhaite que cette performance aide à faire évoluer la société mais avant tout que ça ouvre la parole avec les garçons et les filles de tous les âges. » Il a d’ailleurs été difficile, selon les artistes, de construire précisément ce vagin, tant les dessins clairs et précis sur Internet n’existent quasiment pas.