Justice – enfin – pour Ngo Dinh Diem, chef d’Etat catholique

Curieusement, alors qu’il a été publié aux Etats-Unis de nombreux ouvrages sur Ngo Dinh Diem (1901-1963), ce président du libre Sud-Vietnam, catholique et nationaliste, ignominieusement assassiné, il n’en est pas un qui lui soit consacré chez nous. Et quand il est évoqué, toujours succinctement, dans des essais français sur la guerre du Vietnam, c’est toujours de manière négative, voire outrageusement calomnieuse.

Avec le Ngo Dinh Diem de Paul Rignac, sous-titré « Une tragédie vietnamienne », justice est enfin rendue à ce personnage-clef de l’histoire du Vietnam. Patriote de l’espèce amoureuse et, à ce titre considéré comme une cible par les ennemis du Sud-Vietnam libéré. A commencer par les Viets, bien sûr. Mais pas seulement.

Un patriote de l’espèce amoureuse, disons-nous, réhabilité en l’occurrence par Paul Rignac, observateur de l’espèce amoureuse de cette Indochine dont nous ne déprendrons jamais. Parmi ses ouvrages, qui font autorité, La Désinformation autour de la fin de l’Indochine française (Atelier Fol’Fer), Indochine, les mensonges de l’anticolonialisme (Indo Editions), La Guerre d’Indochine en questions (Indo Editions), etc.

Pour Paul Rignac, après des décennies de mensonges sur la politique de Ngo Dinh Diem et de phantasmes sur sa famille et son entourage, il était temps de remettre l’histoire à l’endroit. Avec cette précision : « Cette démarche ne signifie pas pour autant que nous ayons entrepris une œuvre hagiographique. Nous n’avons pas occulté les erreurs commises par Diem, non plus que certains défauts de son caractère qui peuvent contribuer à expliquer son échec. Disons que nous avons souhaité participer au rééquilibrage d’une balance dont le plateau à chargenous a semblé outrageusement plombé. »

La première partie de l’ouvrage court de la naissance de Diem (1901) à son retour en politique (1954) après une traversée du désert. C’est la période de sa vie la plus mal connue, pour ne pas dire inconnue (au moins en France). La seconde partie de sa vie, de son retour comme Premier ministre (1954), puis sa charge de président de la République du Sud-Vietnam (1955), jusqu’à son assassinat (1963), reste entachée, même si elle est plus connue, de nombreuses approximations. Paul Rignac les corrige toutes.

En 1963, le régime diemiste – non exempt de défauts, redisons-le – était cependant en train de gagner la partie ou, au moins, sur le point d’atteindre ses objectifs prioritaires : une guerre de libération face aux menaces des envahisseurs nord-vietnamiens. Paul Rignac : « L’essentiel est bien là (…) : sous la présidence de Diem, malgré les défaillances que nous avons évoquées, le Sud-Vietnam était devenu un Etat viable, proche de la victoire militaire ». Il fallait donc le supprimer. Il le fut.

Après bien des tribulations, les corps de Ngo et de son frère Nhu, assassiné à ses côtés, furent transportés à Lai Thieu (quelques kilomètres au nord de Saïgon). Diem y est enterré sous le nom de Gioan Baotixta (Jean-Baptiste) Huynh, Jean-Baptiste étant son nom de baptême. Son frère, Nhu, est enterré sous son nom de baptême, Giacobe (Jacques) Dê. Seuls ces prénoms chrétiens et la date de la mort permettent d’identifier ces tombes.

Atelier Fol’Fer, 147, rue Bel-Air, 28260 La Chaussée d’Ivry. Tél. : 06 74 68 24 40. Fax : 09 58 28 28 66. Site : atelier-folfer. Prix franco (30 euros).

Alain Sanders – Présent

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