Calais/ Policiers et routiers méprisés par les médias!

Le 17 juin, dans une lettre ouverte sur le Bondy Blog, plusieurs personnalités demandent au Président de la République de « faire cesser les violences contre les migrants ». Le 25 octobre, 3 écrivains affirment dans Libération qu’ « à Calais, le temps est à la chasse aux migrants ». L’archevêque de Paris interviewé le 16 janvier 2018 par Patrick Cohen sur Europe 1 dénonce au sujet des violences policières : « Ils ont surtout des ordres pour le faire ».

Invité sur France Info, Jacques Attali déclare : « j’ai vu des policiers envoyer des gaz sur des jeunes gens à Calais ». Pour France 24, « Les migrants de Calais (sont) entre conditions difficiles et violences policières ». La Voix du Nord donne la parole à une élue infirmière qui demande à Xavier Bertrand et au préfet de faire cesser « les violences policières et les persécutions visant à vider Calais des migrants ». Un migrant témoigne au Parisien : « À Calais, on nous traite comme des sauvages». On pourrait multiplier les exemples.

Mais ce sont surtout déclarations tonitruantes de l’écrivain et chroniqueur à ONPC sur France 2, Yann Moix, qui connaitront le plus grand retentissement. Le 21 janvier, il affirme dans Libération : « «Monsieur le Président, vous avez instauré à Calais un protocole de la bavure».   Dans une lettre ouverte, évoquée par Europe 1, il s’adresse au chef de l’État : « vous humiliez la France ». Marie Claire nous informe qu’ « après la tribune de Yann Moix sur les violences à Calais, Emmanuelle Béart lance un appel » sur son compte Instagram.

CE QUI SE PASSE QUOTIDIENNEMENT À CALAIS
L’activité quotidienne de nombreux migrants ne fait pas la manchette des journaux. Pourtant, au détour d’un article sur « les violences subies par les migrants », on apprend que malgré le démantèlement de la jungle, on dénombrait selon Le Parisien 60 000 intrusions dans des camions en 2016 et « de source policière », 30 000 en 2017. Des intrusions clandestines quand le conducteur est un routier et non un passeur, faut-il le rappeler.

UN MODE OPÉRATOIRE DANGEREUX POUR LES MIGRANTS… MAIS AUSSI POUR LES ROUTIERS ET LES POLICIERS
Le mode opératoire des migrants qui tentent de monter dans des poids lourds n’est évoqué que lorsqu’il provoque accidents, blessés et morts. Pourtant, ces tentatives d’intrusion dans les camions qui circulent sur l’autoroute et la rocade calaisienne en direction du Tunnel sous la Manche sont extrêmement dangereuses non seulement pour les migrants…mais aussi pour les routiers et les policiers. Combien de tribunes dans les journaux pour s’en indigner ?

LE QUOTIDIEN DES ROUTIERS
Le mode d’intrusion le moins dangereux est lorsque le camion est à l’arrêt sur une aire d’autoroute. Mais les routiers sont désormais sur leurs gardes dans un périmètre qui ne cesse de s’étendre. Alors, certains migrants utilisent une autre méthode. Comme l’indique un responsable de l’Auberge des migrants au Parisien en juin 2017, « «ils tentent de ralentir et de mettre à l’arrêt des camions aux alentours du port et du ferry » afin de s’introduire à l’arrière du camion. « Ils font des “dougars” (dialecte soundais NDLR), ce que l’on appelle nous des bouchons ».

Alors que la situation s’était calmée avec le démantèlement de la jungle et le départ des migrants en 2016, leur retour à partir du mois de mai 2017 est marqué par de nombreux incidents et accidents.

La Voix du Nord nous annonce le 22 mai un barrage sur la rocade, « une première depuis le démantèlement de la jungle ». Les barrages sont de retour. Le 21 juin, Le Parisien nous informe qu’ « un conducteur meurt près d’un barrage ». « Le chauffeur du véhicule immatriculé en Pologne avait percuté un des trois poids lourds bloqués par ce barrage artisanal sur l’autoroute A16 à hauteur de Guemps, à 15 km à l’est de Calais ». « Il est mort brûlé vif dans son véhicule » (c’est nous qui soulignons).

Le 27 septembre, 20 Minutes nous informe que « des migrants sont interpellés après avoir installé un barrage ». Le 12 janvier 2018 selon France 3, « des migrants installent un barrage de blocs de béton sur la rocade ».

La colère, la peur et le désarroi des routiers ont fait l’objet de quelques reportages : le 21 juin France Info évoque « le désarroi des routiers face aux migrants ». Certains collègues du routier interviewé « ne veulent plus travailler, trop de stress ». Le 4 septembre, dans un reportage sur BFMTV, « les routiers expriment leur colère face aux migrants ». Sur France 3 le 29 septembre, « les routiers sont de nouveau inquiets face à la pression migratoire ». Une tribune de routiers excédés sera publiée dans La Voix du Nord le 29 septembre. Ils lancent un ultimatum à l’Etat « face à une situation intenable ». Une action qui n’aura qu’un faible retentissement dans les médias, hormis notamment un article dans La Croix.

LE QUOTIDIEN DES POLICIERS
Au quotidien, les policiers doivent prévenir ou résorber les barrages routiers posés sur la rocade calaisienne et l’autoroute voisine. Une tâche difficile, risquée et sans cesse répétée.

Parmi les articles les plus fouillés sur ce sujet, citons Le Parisien dans son édition du 20 juin 2017. Un syndicaliste policier y déclare : « Calais est devenue une zone d’anarchie soigneusement entretenue par divers acteurs associatifs et institutionnels ». Même constat dans un dossier de Valeurs actuelles du 13 juillet : « Calais est devenue une ZAD ».

Les conséquences du retour des migrants à Calais sont tangibles : le 3 septembre, des CRS sont caillassés, 3 seront blessés nous informe Actu 17, « l’application de l’actualité Police ». Le 26 novembre, « un barrage de CRS a été forcé par un véhicule avec neuf migrants à son bord, blessant légèrement un policier » selon France 24. La description des événements par un syndicat de policier est loin de celle des médias : « une cinquantaine de migrants, censés d’ailleurs avoir disparu de Calais, armés de bâtons et de pierres, font violemment face aux collègues, qui, rappelons-le, étaient venus les protéger… ». Dans un autre document du syndicat policier, on dénombre « 44 fonctionnaires des CRS blessés en 2016 sur le secteur de Calais et 10 entre le 1er janvier et le 20 septembre 2017».

Des routiers qui travaillent la peur au ventre, des policiers agressés. Des éléments qui tempèrent les tribunes accusatrices qui se multiplient dans les medias. Aucune d’entre elles ne concerne les routiers et les policiers. Où sont Yann Moix et consorts ? On ne les entend pas…

Lu sur l’OJIM

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