Direction l’Ardèche, à la découverte d’un métier qui existe depuis l’Antiquité : les parcheminiers. À Annonay, où le cuir a toujours été au centre de l’activité, Frédéric est l’un des derniers en France à exercer ce métier.
Vers 2600 avant JC, les Égyptiens développèrent un support d’écriture, le papyrus à partir de la plante du même nom, poussant dans le delta du Nil.
Les tiges de papyrus étaient débitées en lamelles étroites, disposées perpendiculairement les unes sur les autres puis compressées, martelées et polies. Ensuite les feuilles obtenues étaient collées les unes aux autres pour former un rouleau dont la longueur pouvait atteindre entre 6 et 15 mètres, sur 30 à 40 centimètres de hauteur. Jusqu’au VIIe siècle de notre ère, l’Égypte fournit le bassin méditerranéen en matière première sous forme de rouleaux vierges. Le Papyrus, fragile, nécessite d’être roulé. Suivant le sens d’écriture pratiqué, ces rouleaux sont nommés différemment. Le Rotulus se déroule verticalement pour la lecture. Par contre, le Volumen est tenu horizontalement à deux mains, l’une déroulant et l’autre enroulant. Cette forme sera conservée pour la Thora par le peuple juif. Des documents nous indiquent que les papes utilisaient encore le papyrus entre 788 et 1050.
Le Parchemin est développé à Pergame
Après la mort d’Alexandre le Grand (en 324 av. JC) qui fonda la grande bibliothèque d’Alexandrie en Egypte, la ville de Pergame, en Mysie, (aujourd’hui Bergama en Turquie) sort de l’anonymat et atteint son apogée au cours du règne d’Eumènes II (197-159 av. JC). C’est un grand bâtisseur, il agrandit la ville et l’embellit en l’ornant d’un grand nombre de monuments dont l’Asclépion, qui devient l’un des plus célèbres du monde antique et qui abrite la grande majorité des œuvres d’art de l’école de Pergame que nous admirons aujourd’hui. Eumène II développe et enrichit la bibliothèque de Pergame, qui passe à la postérité en tant que rivale de la bibliothèque d’Alexandrie. La ville connaît aussi un grand développement dans l’astronomie, la construction navale, la littérature, les mathématiques et la philosophie. En 170 avant JC, Pergame possède une agriculture et une industrie prospères dans les tissus, la céramique et surtout, les parchemins qui concurrencent les papyri Égyptiens. Un conflit éclate entre Alexandrie et Pergame, ayant pour motif la suprématie en tant que ville abritant la plus grande Bibliothèque du monde. C’est pourquoi le mot « parchemin » dérive du nom de la cité de Pergame car c’est dans cette cité que fut perfectionné ce support de peau, pour faire face à l’embargo du papyrus, décidé par l’Égypte. En 41 avant JC, Marc-Antoine aurait offert les deux cent mille volumen de parchemin des collections de Pergame à la reine Cléopâtre pour compenser la perte des œuvres brûlées dans la bibliothèque d’Alexandrie.
Du rouleau au livre
L’utilisation du parchemin permet d’évoluer vers un format plus pratique, le Codex ou Livre. L’assemblage sous forme de livre est connu à partir de l’an 84. Cette forme sera adoptée par la religion chrétienne (la religion du Livre) et les premières bibles connues, écrites sur des codex, datent du IIème siècle.
L’usage du parchemin ne sera vraiment répandu en Occident que vers l’an 400. Le parchemin est obtenu à partir de peaux de mouton ou de chèvre, et la plus belle qualité, qui est le vélin, est obtenue à partir du veau. Les peaux finies sont vendues par bottes de 24 ou 36 rouleaux. Elles sont pliées en 2, 4 ou 8 pour obtenir des feuilles plus ou moins grandes et elles sont réunies en cahiers. La règle de Saint Benoît, qui prescrit la présence de livres, va inciter leur production et entre l’an 500 et l’an 1400, les livres seront produits uniquement dans les scriptorium des monastères car leur réalisation correspond à un acte de foi. Vers 1200 les écoles se mettent en place et le livre sort alors des monastères. Vers 1300, des artistes indépendants exécutent des livres d’heures, livres de prière enluminés pour les riches familles. Le livre devient un objet personnel.