Victor, 30 ans, tailleur de pierre et MOF!

A 30 ans, le tailleur de pierre hyérois a déjà remporté toutes les récompenses possibles dans son domaine. Maître artisan et meilleur ouvrier de France, il raconte son métier, avec amour

Lorsque l’on pense à un tailleur de pierre, il est commun d’imaginer le buste de la Vénus de Milo, dont l’artisan enlève les bras, tel Van Gogh s’arrachant son oreille. Pourtant, l’un des meilleurs ouvriers de France en la matière tient plus de l’équilibriste que de l’artiste fantasque. C’est sur son échafaudage que Victor Parzych taille sa pierre, à quelques mètres au-dessus du sol.

Sur le chantier, il doit remettre en état l’encadrement d’une porte. Un travail qui le pousse à escalader la façade pour pouvoir susprendre la corde qui soulèvera sa pierre et permettra de la mettre en place. Une activité qui risquerait de donner le vertige aux passants.
Sans atelier, le jeune tailleur de pierre propose aux particuliers et professionnels un travail en pierre, naturellement, à des prix défiant toute concurrence. “J’essaye de réduire les coûts comme je peux, je n’ai aucun local, je taille sur place et je tente toujours de proposer quelque chose qui sort de l’ordinaire.”

Il en est convaincu : si le maître artisan et ses confrères ne se démarquent pas des grosses entreprises de bâtiments, le métier ne pourra pas perdurer. Plus encore, Victor tient à briser les préjugés qui entourent sa profession.

“Si les gens ignorent ce que nous faisons aujourd’hui, c’est parce que nous ne communiquons pas assez. Il y a trop peu d’exposition, de sites web. Aujourd’hui, ce n’est pas seulement un métier de sculpteur, c’est bien plus complexe, c’est réaliser des murs, des piliers, des cheminées… Le métier est beaucoup plus technique que ce que vous pouvez imaginer.”

Le tailleur de pierre ne travaille plus seulement à la main. Plus que le compas ou l’équerre, Victor réalise des dessins techniques et utilise des outils mécanisés. “Mais il ne faut pas en abuser, je préfère être au contact de la pierre.” Trop de mécanique tuerait le charme de son travail.

Un métier manuel et technique

“Quand j’étais plus jeune, ma mère m’a expliqué qu’il fallait choisir un métier manuel. Elle disait que ce que nous avions dans les mains, ça reste.”

Ses frères ont jeté leur dévolu sur le bois, lui sur la pierre.S’il a choisi son cursus par défaut, sans savoir véritablement s’il lui plairait, Victor a persévéré par amour du métier.

Seul un véritable passionné est capable de poursuivre sur cette voie. “Le cursus de formation est très long. Pour pouvoir tenir, il faut vraiment aimer ce qu’on fait.”

Après dix années de formation, cet originaire de Carcassonne a posé ses valises à Hyères. Modeste, il ne s’imaginait peut-être pas remporter le titre de meilleur ouvrier de France à 30 ans à peine. Ce sont des amis qui l’ont poussé à s’inscrire. Après des centaines d’heures de sueur, de tremblement devant une pierre qu’il ne faut surtout pas émailler et de soutien, le bénitier qu’il a réalisé est exposé à la chambre des métiers varoise.

Quant à Victor, il envisage, avec son épouse, d’avoir un local et de proposer des ateliers découvertes aux Hyérois. “Ce sera ma femme qui dirigera ces cours. Je suis impatient et pas assez pédagogue.”

Sûrement parce qu’il est bien trop passionné.

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