Qu’est devenu Mimisiku, le petit Indien dans la ville ?

20 ans déjà que le film “Un indien dans la ville” faisait un carton sur les grand écrans français, avec ses 8 millions d’entrées. Dans le rôle du jeune indigène d’Amazonie, Mimisiku, Ludwig Briand. Aujourd’hui âgé de 34 ans, qu’est-il devenu ? Il nous raconte son parcours, loin des planches et des paillettes.

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Déjà 20 ans. Malgré tout, je me souviens très bien du tournage. J’avais fêté mes 13 ans sur le plateau d'”Un indien dans la ville”. C’est encore un âge où on se rappelle des choses : Thierry Lhermitte m’avait offert un cerf-volant et mon premier ordinateur.

 J’ai fait plein de boulots différents

Aujourd’hui, je ne suis plus comédien. Je suis chez Pôle Emploi. Juste après “l’Indien”, j’ai poursuivi mes études, j’ai fait des téléfilms, et à mes 18 ans j’ai choisi le bac plutôt que le cinéma. J’ai ensuite fait plein de boulots différents : j’ai été animateur en centre de loisir, j’ai travaillé dans l’immobilier et aussi dans un aéroport en tant que vendeur dans une zone duty free.

Comme je ne voyais pas de possibilité d’évolution, j’ai préparé l’examen professionnel d’huissier. Mais j’ai été confronté à la réalité du métier : c’est un job très vénal et c’est pour ça que j’ai voulu partir, après deux ans de stage et un an en tant que clerc. Et cette année j’ai passé des concours pour être greffier.

 Je n’ai jamais vu la comédie comme un métier

Malgré tout, je ne regrette pas d’avoir quitté la comédie. Ce n’est pas parce qu’on est footballeur petit qu’on va être footballeur professionnel. Moi c’est pareil, sauf que je faisais du théâtre quand j’avais 10 ans.

La comédie m’a toujours plu mais déjà petit mais je me voyais pas en faire mon métier. Mon beau-père était intermittent du spectacle et déjà à cette époque c’était difficile. Il me semble que ça n’a pas vraiment progressé depuis.

Contrairement aux concours de la fonction publique, si on a des compétences et une connaissance du métier d’acteur ce n’est pas pour ça qu’on trouve forcément du travail. Même si vous êtes un bon comédien, vous pouvez ne pas correspondre au rôle.

Mimisiku m’a collé à la peau

Et puis pendant des années, il faut dire que l’étiquette de Mimisiku m’a énormément collé à la peau, et les réalisateurs ne voulaient pas me faire jouer. Je me dis que j’ai une notoriété qui plaît plus aux spectateurs qu’aux metteurs en scène. C’est le problème du système français.

20 ans plus tard, je touche toujours de l’argent avec “Un Indien dans la ville” (moins de 100 euros par an). Des “droits à l’image”, mais pas assez pour pouvoir vivre sans travailler. C’est tant mieux ! Si faire un film à succès à 13 ans permettait de vivre une vie d’oisiveté, ce ne serait pas un succès très sain.

Mon salaire, à l’époque était 100.000 francs (15.000 euros). Mais après le succès du film, Thierry Lhermitte, Hervé Palud (le réalisateur) et le producteur m’ont reversé des droits supplémentaires, qui n’étaient pas prévus à la base.

Quand vous êtes enfant acteur, vous avez 90% de la somme bloquée sur un compte jusqu’à votre majorité. Seulement 10% sont reversés à vos parents. Mes parents les ont placés dans des SICAV. Et à mes 18 ans, je me suis acheté ma maison de ville que je possède toujours.

Je joue au poker sous le pseudo Mimisiku95

e ne suis pas quelqu’un de dépensier, je viens d’une famille modeste. J’ai la valeur de l’argent, même si je joue beaucoup au poker d’ailleurs, sur Winamax sous le pseudonyme de MimiSiku95 (!). Je joue pour la stratégie et pour le jeu, pas pour l’appât du gain. Je joue d’ailleurs également dans une association de poker qu’on a créé avec des amis (“All in Team Poker” ).

C’est lors de certaines parties que je remarque que mon rôle est toujours présent dans l’esprit des gens. Certains joueurs viennent me parler, sur le chat de Winamax ou dans la vraie vie, et me posent beaucoup de questions sur Mimi Siku.

Je crois qu’il n’y a pas une journée où ne me parle pas de ce rôle. Mais ce n’est pas grave, ça ne me lasse pas. Ce film a marqué une génération, c’est évident. Combien de gens m’ont dit qu’ils appelaient leur père “Baboun” !

Je ne ferai pas “Secret Story”

D’ailleurs, je n’avais pas revu “Baboun”, alias Thierry Lhermitte, depuis plusieurs années quand on s’est retrouvé sur le plateau du “Grand Journal”, en 2012. Après le tournage, pendant quelques années, on s’est fait des déjeuners annuels tous ensemble, mais ça s’est essoufflé.

Je garde toujours un grand plaisir à jouer la comédie et si un jour je devais revenir, ce serait sur les planches. Ou un grand rôle au cinéma, évidemment, mais tout dépend avec qui. Il y a plus de gens qui gagnent à l’Euromillions que de gens qui font de grands films chaque année.

Ce qui est sûr, c’est que je ne ferai pas de télé-réalité. Il y a deux ans l’équipe de “Secret Story” m’a contacté ainsi que celle de “Je suis une célébrité sortez-moi de là” mais j’ai refusé.

Pour moi, la télé-réalité et la comédie, ce n’est pas le même boulot ! Ce ne sont pas des acteurs, ce sont des candidats à des jeux. Ils cherchent la célébrité, mais ça n’a rien à voir, même si la quête peut sembler similaire à celle de certains comédiens.

Je n’ai jamais cherché la célébrité ou l’argent

Quand je faisais du théâtre ou du cinéma, ce n’était pas la célébrité ou l’argent que je cherchais. C’était le jeu d’acteur.

Si “Un indien dans la ville” avait fait un bide, ça n’aurait rien changé au plaisir que j’ai eu à jouer et que j’ai pris pendant le tournage.

Je ne suis pas pour le star-system, et je pense d’ailleurs que c’est ça qui tue le cinéma et le théâtre actuel.

 

 

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