Devenir végétarien – voire végétalien pendant qu’on y est… – parce que les abattoirs ne respectent pas les bêtes. Voilà à quoi tend un appel à témoignages, lancé dans les colonnes du Monde. Un adieu à la viande fondé sur des principes point trop définis. C’est là le grand avantage. Car, avoir des principes, c’est généralement trop contraignant…
« Adieu la viande ! Je t’aimais bien mais là, c’est plus possible. » Tel est le témoignage adressé au Monde par un Colmarien de 40 ans, Jean Muller. Comment en est-il arrivé là ? A cause de la diffusion, fin mars, d’une vidéo – une énième vidéo – révélant des actes de cruauté menés contre les animaux dans un abattoir. « Je ne consommais déjà que rarement de la viande, quand je pouvais contrôler sa provenance, commente-t-il. Mais là, si même les établissements certifiés bio ne respectent pas les bêtes, je ne peux plus. Ça demande trop de reniement de principes. »
Adieu à la viande…
A l’image du sien, les textes abondent qui évoquent un déclic. Un électrochoc. La « goutte d’eau de trop »… « J’ai chialé comme un môme », avoue celui-ci, en évoquant tel ou tel reportage.
Tous, pour autant, ne deviennent pas végétariens. La solution, pour certains, passe par les « circuits courts » : le boucher du coin, ou le commerçant du village, etc.
Malgré tout, la consommation de viande diminue depuis une quinzaine d’années. Avec les conséquences que l’on imagine pour les paysans, à l’heure où, déjà, une politique menée depuis Bruxelles les réduit petit à petit a quia, les poussant à descendre, de plus en plus souvent, dans la rue – ou ailleurs.
« Ce pouvoir est aussi dans l’assiette », assure un autre de ces végétariens qui n’a sans doute pas réfléchi au déséquilibre social que cette philosophie induit.
Certains ne s’arrêtent d’ailleurs pas à cette seule question professionnelle qui, à défaut de consommer encore de la viande, prétendent nourrir une réflexion. On ne peut, souligne l’un, mettre sur le même plan l’animal et l’homme.
De grands principes indistincts
De fait, en admettant même un mauvais traitement de l’animal, c’est d’abord lui-même que, s’ils sont avérés, l’homme dégrade par des comportements indignes.
Et l’on ne peut manquer de s’interroger sur les principes que la consommation d’une viande, quand bien même l’animal aurait été mal traité, amènerait à renier. On a beau chercher, on ne peut manquer de s’interroger. D’autant que les plus fervents défenseurs des animaux évoquent toujours de grands principes dont ils ne précisent jamais ni le nom, ni la nature.
Et ce sont souvent les mêmes, ces écolos de l’assiette, qui crient à l’intolérance religieuse, si vous osez parler de crime à propos de l’avortement. L’inversion, quand bien même elle serait, chez certains, involontaire, est très nette. Celui qui a été établi maître et seigneur de la création passe désormais, de par sa propre volonté déréglée, après le moindre des animaux ; et peut-être des végétaux…
Lu sur Réinformation TV