Le 15 juillet 1914 était votée la loi Caillaux instituant l’impôt sur le revenu. Date que peu de Français souhaitent commémorer !
C’est un anniversaire que beaucoup d’entre nous s’abstiendraient bien de voir fêter. Toutes les commémorations sont évidemment coûteuses, mais celle-là l’est tout particulièrement. Elle est même mensuelle pour ceux qui ont choisi ce mode de paiement… Il y a un siècle, le 15 juillet 1914 très exactement, l’Assemblée nationale votait la création d’un impôt sur le revenu.
L’idée n’était pas neuve et, pour être tout à fait juste, elle n’était pas si républicaine que l’on voudrait aujourd’hui nous le faire croire. En effet, c’est au maréchal Vauban que l’on doit cette idée qui consiste à prélever en impôt un pourcentage du revenu de chaque Français. Il en développa le principe et les modalités dans son fameux Projet d’une dixme royale, publié en 1707. Cet impôt universel devait être prélevé sur tous les biens productifs et ce, quels que soient les privilèges de leur propriétaire. C’était une idée évidemment révolutionnaire. Louis XIV ne voulut pas en entendre parler, mais il agita habilement ce projet d’impôt direct sous le nez des financiers qui s’enrichissaient grâce à la collecte des impôts indirects. Il manquait d’argent pour financer ses guerres interminables, on lui en trouva pour peu qu’il ne soutienne pas cette idée “nouvelle”.
Elle fit pourtant son chemin, elle fut même un temps reprise par le roi Louis XV qui créa l’impôt dit “du vingtième” et les premiers “contrôleurs” des impôts chargés de vérifier les déclarations des contribuables. Là encore, on parvint à venir à bout de cette extravagance fiscale. Le clergé s’abonna, c’est-à-dire qu’il paya une fois pour toutes, quand les autres obtinrent assez vite que la mesure reste “provisoire”.
Ainsi fallut-il attendre près de deux siècles pour que Joseph Caillaux, ministre des Finances de la IIIe République, vînt défendre à la tribune les idéaux de justice sociale du vieux Vauban. Le combat fut rude, même un révolutionnaire comme Proudhon se méfiait des pouvoirs inquisitoriaux qu’un tel « joujou fiscal »donnerait à l’État. Des ligues de contribuables se constituèrent et se firent même entendre.
Pourtant, la guerre, toujours elle, car c’est déjà à la guerre de Cent Ans que l’on doit l’invention de la taille, notre premier impôt direct, finit par mettre tout le monde d’accord. Il fallait armer le pays contre l’Allemagne et les Français paieraient.
La guerre est terminée depuis longtemps mais ils paient encore et toujours plus. Cela fait exactement cent ans… Il nous faut pourtant prendre notre mal en patience, car la taille, elle aussi créée pour faire face à une urgence, fut prélevée sur les Français pendant trois cent cinquante ans très exactement.
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