Plus de trois mois après, les accusations d’empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille n’ont toujours pas été étayées par Londres. Mais si le scandale est retombé, la Russie continue de mener sa propre contre-enquête.
La Russie ne compte pas laisser l’affaire de l’empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille sans explication, alors que Londres échoue toujours à démontrer l’implication de Moscou. Ce 15 juin, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, s’est faite encore plus claire, mettant en cause directement le Royaume-Uni, et au plus haut niveau.
«Toute l’affaire a été organisée par le gouvernement de Theresa May, afin d’atteindre des buts de politique intérieure et de prouver, apparemment, que la Grande-Bretagne était aux avant-postes en matière de politique étrangère», a déclaré la porte-parole, citée par l’agence Tass. Et Maria Zakharova d’ajouter : «Il n’est pas improbable, en outre, que des officiels britanniques, y compris les services secrets, soient impliqués dans la provocation de Salisbury.»
Le novitchok, un poison conçu en URSS mais repris par les Occidentaux
Si le produit utilisé à Salisbury est de type du novitchok, élaboré du temps de l’URSS, sa formule a été rendue publique dans les années 1990 et décliné sous plusieurs formes par nombre de laboratoires militaires dans le monde.
Sergueï Skripal et sa fille avaient été retrouvés inconscients le 4 mars sur un banc à Salisbury, où vit l’ex-espion de 66 ans. La police britannique estime que les Skripal sont entrés en contact avec l’agent chimique au domicile de Sergueï, où sa fille était venue lui rendre visite depuis la Russie.
La Russie a, depuis le début, réfuté les accusations portées contre elle, relevant notamment l’absence de preuves et soulignant que sa version des faits se trouvait renforcée par les déclarations du laboratoire britannique ayant analysé la substance utilisée. Le 3 avril dernier, Gary Aitkenhead, chef du laboratoire militaire britannique spécialisé dans les armes chimiques de Porton Down, à 10 kilomètres de Salisbury, reconnaissait en effet ne pas avoir de preuves que le poison provenait de Russie. Le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, avait pourtant assuré, dès le 19 mars, que le laboratoire lui avait confirmé l’origine russe de la substance.