De la Suisse, vous connaissez les montagnes, son fromage et son chocolat ! Mais connaissez-vous l’abbaye de Saint-Maurice située entre le Rhône et les montagnes valaisannes ?
Un passage par l’Histoire s’impose. À la fin du IIIe siècle et au début du IVe, les persécutions de l’empereur Dioclétien endeuillent tout l’Empire, même jusqu’à la cité d’Auganuum, poste de péage romain, en Suisse actuelle où Maurice et ses compagnons de la légion thébéenne sont martyrisés pour avoir refusé de massacrer les habitants d’un village qui s’était converti au Christ. Moins d’un siècle plus tard, l’évêque du Valais, Théodule, retrouve les reliques de ces martyrs et les transfère au lieu-dit du Martolet où il fait bâtir une église qui leur est dédiée.
En 515 le roi burgonde Sigismond, fonde une abbaye où il instaure une louange perpétuelle, une prière continue qui se poursuivi jusque vers l’an mil. Ces moines sont remplacés par des chanoines au IXe siècle qui adopteront la Règle de saint Augustin seulement en 1128.
Sa position sur la via Francigena menant à Rome en passant au col du Grand Saint Bernard renforce son attractivité et son prestige.
Dès ses débuts, l’abbaye accueille environ cinq cents religieux, et Sigismond la dote de biens considérables. Mais la vie à l’abbaye de Saint-Maurice n’est pas de toute tranquillité. En 569, les Lombards venus de la Baltique envahissent le Valais et incendient le site. Gontran, roi des Burgondes se charge de sa réédification. Plus tard, les Sarrasins se livreront à leur tour à un pillage du monastère. Le nombre des moines ne cesse de diminuer entre les VII et le VIIIe siècles laissant la place à des chanoines séculiers.
Située au pied de la falaise, la basilique actuelle, neuvième sur ce site, date en grande partie du XVIIe siècle, et regroupe des éléments d’époques différentes, du XIe siècle à l’époque contemporaine. En entrant, les arcs gothiques et les colonnes récupérées sur d’anciens sites, rythme la nef, mais à l’ouest la colonnade est interrompue par la tour romane. Cette tour date du XIe siècle bien que les étages supérieurs aient été reconstruits dans les années 1940 après une chute de rocher sur la basilique.
Le cloître est construit sur un modèle roman. Parfait quadrilatère, le silence est interrompu par le chant non pas des moines, mais de l’eau émanant de la fontaine centrale. Les restaurations ont permis de mettre au jour les restes d’un baptistère antique de la fin du IVe siècle. Le site archéologique de l’abbaye est exceptionnel : il permet de prouver cette continuité de la présence religieuse dans cette région du Valais depuis l’Antiquité.
De nombreux pèlerins se rendant à Rome, ainsi que des rois ou marchands passent par cette abbaye suisse. Beaucoup offrent des objets variés en hommage aux martyrs. Parmi eux, se trouvent des vases ou reliquaires richement ornés et installés dans le Trésor de l’abbaye. Malgré les pillages ou malheureuses chutes de rochers, ces objets nous sont parvenus et ne demandent qu’à être admirés, maintenant qu’ils ont été mis en valeur par une nouvelle muséographie que l’abbaye a dévoilé pour son 1 500e anniversaire.
Les chanoines réguliers sont présent à l’abbaye depuis 515 pour perpétuer le témoignage de foi sur le tombeau de saint Maurice et de ses compagnons. Avec les siècles, les moines de Saint-Maurice ont changé de règle plus d’une fois. En 1128, ils adoptent la Règle de saint Augustin. Ils deviennent alors une Abbaye de chanoines réguliers, ce qu’ils sont encore aujourd’hui. Certes l’on ne prie plus 24 heures sur 24 à Saint-Maurice ; cependant, quotidiennement et plusieurs fois par jour, chanoines et laïques se rassemblent pour prier.
En suivant Maurice et ses compagnons, le pèlerin est invité à prier avec les Martyrs puis à se laisser guider, à leur suite, au cœur d’une émouvante et riche histoire d’amour et de fidélité. À travers les innombrables richesses spirituelles de l’église abbatiale, du site archéologique et du Trésor, le pèlerin accomplit un véritable voyage intérieur à la rencontre du Christ. L’Abbaye est une des étapes de la Via Francigena. Grand Itinéraire culturel du Conseil de l’Europe, la Via Francigena est un des plus importants chemins de pèlerinage européens. Elle est parcourue par les pèlerins depuis le Moyen Âge. Pour en savoir plus sur ce pèlerinage, cliquez ici !