Il y a vingt ans, un rapport de la Cour des comptes dénonçait le suivi du patrimoine culturel national. Suite à sa publication a été créée la Commission de récolement des œuvres d’art de l’Etat (CRDOA), qui vient de publier son dernier rapport d’activité. On y découvre notamment l’histoire du bureau “IA M70”, présent de 1929 à 2000 au ministère de l’Education nationale. En 2002, un antiquaire contacte le Mobilier national pour expliquer avoir en sa possession un bureau marqué au revers du bonnet phrygien et du numéro IA M70.
Or, le ministère n’avait pas constaté sa disparition. Cette histoire a incité Libération à exploiter la base Sherlock entretenue par cette commission pour en savoir plus sur les oeuvres “égarées”. Cette base de données en ligne en contient près de 23.000, dont 1346 ont donné lieu à un dépôt de plainte pour vol ou disparition. Un chiffre à comparer aux 430.000 pièces recensées dans le patrimoine national et mises à disposition des musées, ambassades, mairies et autres administrations.
Outre le bureau IA M70, la CRDOA revient sur la disparition de cinq tapisseries à l’ambassade de France à Conakry (Guinée), en 2006. Elles mesuraient entre 2 et 6 mètres de large. 123 plaintes ont été déposées pour vol ou disparition d’œuvres déposées dans les ambassades de France.
Et le strict contrôle de certains lieux publics ne suffit pas : à l’Assemblée nationale, une bergère en acajou ciré, fabriquée par François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter, a disparu en 2003… alors qu’il n’est possible d’entrer dans le bâtiment qu’après un relevé d’identité et de motif de visite, puis remise d’un badge.
Le vol ou la disparition ne se passe pas uniquement dans les ambassades et les ministères. En 2016, 42 pièces étaient toujours déclarées volées ou perdues dans les établissements de la ville de Strasbourg (Musée des Beaux-Arts, mairie, Conseil de l’Europe, Direction régionale des affaires culturelles), relève le quotidien.