Si les femmes pouvaient cesser de réfléchir !

 

Faciliter, banaliser, favoriser l’avortement, c’est le maître mot des institutions nationales et européennes. Remboursée à 100 % par l’Assurance maladie, considérée comme un droit inaliénable, l’IVG n’est plus seulement limitée aux cas de détresse comme le prévoyait la loi de 1975. Mais ce n’est pas encore assez.

Quand réfléchir, c’est être coupable

À l’Assemblée nationale, les députés ont adopté en première lecture le 8 avril dernier la suppression du délai de réflexion de sept jours avant l’avortement. Par 40 voix contre 22, les députés ont estimé qu’imposer ce temps de réflexion avant de subir une IVG était « infantilisant » et « culpabilisant » pour les femmes. Celui qui y réfléchit à deux fois avant d’acheter une voiture ou de partir faire dix jours de camping sauvage est-il un gamin coupable ? Généralement, on appelle cela un homme responsable. Une femme, en revanche, qui réfléchit avant d’avorter, est coupable. Coupable de penser que l’acte qu’elle va peut-être poser n’est pas anodin.

Requiem pour le principe de subsidiarité

Au Parlement européen, les élus travaillent quant à eux sur un projet de rapport « sur la stratégie de l’Union européenne pour l’égalité entre les hommes et les femmes après 2015 ». Un document qui vise, non seulement à intégrer plus encore la « dimension de Genre » dans les domaines politiques et sociaux, mais également à faciliter l’IVG au niveau international.

L’article 5 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne stipule que « La Communauté agit dans les limites des compétences qui lui sont conférées et des objectifs qui lui sont assignés par le présent traité. Dans les domaines qui ne relèvent pas de sa compétence exclusive, la Communauté n’intervient, conformément au principe de subsidiarité, que si et dans la mesure où les objectifs de l’action envisagée ne peuvent pas être réalisés de manière suffisante par les États membres et peuvent donc, en raison des dimensions ou des effets de l’action envisagée, être mieux réalisés au niveau communautaire. L’action de la Communauté n’excède pas ce qui est nécessaire pour atteindre les objectifs du présent traité. » Pourtant, au mépris du principe de subsidiarité, le rapport précité « prie la Commission d’aider les États membres à assurer des services de qualité, adaptés sur le plan géographique et facilement accessibles dans le domaine de la santé et des droits sexuels et génésiques, garantir la disponibilité d’un avortement et de dispositifs de contraception légaux et sûrs, ainsi que de soins de santé en général ; insiste sur l’importance des campagnes de sensibilisation aux symptômes de maladie sexospécifiques, ainsi qu’aux rôles des Genres et aux stéréotypes, qui ont une incidence sur la santé, et invite la Commission à soutenir financièrement des programmes de recherche sensibles à la dimension de Genre ; demande à la Commission d’encourager les États membres à faire de la procréation (médicalement) assistée un droit individuel. »

Si les députés pouvaient nous expliquer…

La logique, nous la connaissons bien : l’avortement est un droit, l’enfant est un choix. « Un enfant si je veux, quand je veux », clament les militantes féministes et grandes prêtresses du « projet parental », et avec elles la plupart de nos dirigeants.

Ils disent aussi, tout en assurant que la « théorie du Genre n’existe pas », qu’homme et femme sont des stéréotypes, des conventions produites par une société patriarcale… Et qu’en définitive, il appartient à chacun de se déterminer homme, femme, chameau ou tasse à café quelle que soit sa constitution physique.

Mais ils disent enfin – et le rapport du Parlement européen en témoigne – que les femmes sont victimes. Victimes de la violence de leur mari, des inégalités au travail, du regard que l’on porte sur elles… et de l’avortement « sélectif ». Dans certains pays, dont l’Inde par exemple, les filles sont massivement tuées dans le sein de leur mère car le mariage et la dote coûtent cher aux parents.

Les députés européens pourraient-ils nous expliquer pourquoi c’est mal d’avorter les filles, alors que la féminité est une construction sociale ? Ils auront à répondre de cet attachement aux stéréotypes de Genres et, par là, à une société oppressive et patriarcale.

Pourraient-ils nous expliquer pourquoi des parents indiens (qui ont le droit eux aussi à bénéficier de la libération sexuelle, n’est-ce pas ?) devraient garder en vie un enfant sur lequel ils n’ont pas de projet parental ? S’ils avaient été plus dociles à la propagande du Planning familial, ils sauraient que l’avortement est un droit et un choix…

Lu sur L’Homme nouveau

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