Engagé volontaire dans l’armée française en décembre 1914,Guillaume Apollinaire rejoint le front en Champagne au sein du 38e régiment d’artillerie de campagne. Malgré les combats, il continue à écrire des poèmes. En juin 1915, il décide de rassembler vingt et un d’entre eux dans un recueil en utilisant l’imprimerie portable et le papier utilisé par les soldats pour éditer le journal du régiment, leTranchman’Echo. Il effectue lui-même la mise en page très innovante où chaque ligne de ses poèmes suit une arabesque reproduisant la trajectoire en cloche des obus traversant le ciel. Le recueil est baptisé Case d’Armons, du nom de l’emplacement dans la voiture où le conducteur dépose son barda.
Apollinaire lance une souscription pour 112 exemplaires auprès de ses amis, prévoyant de la reverser aux blessés de sa batterie. Mais sa hiérarchie, condamnant ce commerce, l’oblige à interrompre le tirage après 25 exemplaires. Celui possédé par la Bibliothèque historique de la Ville de Paris et qui nous est présenté par Juliette Jestaz, adjointe de la directrice, a servi de numéro zéro au poète.
Neuf mois après l’impression de Case d’Armons, Guillaume Apollinaire est blessé à la tête par un éclat d’obus, près du chemin des Dames. Il est trépané avant d’être affecté dans les bureaux de la censure. À noter que son casque percé est également conservé par la Bibliothèque historique de la Ville de Paris. En 1917, Guillaume Apollinaire publie le recueil de poèmes Calligrammes,dont la deuxième partie est la Case d’Armons.