Poursuivi pour avoir refusé de servir deux femmes voilées, un restaurateur de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) a été condamné à 5 000 euros d’amende, dont 3 000 avec sursis, par le tribunal correctionnel de Bobigny.
Le propriétaire du Cénacle, restaurant théâtre d’un incident filmé en août dernier au cours de duquel deux clientes voilées s’étaient vu demander de quitter l’établissement après un vif échange, a été reconnu coupable de «discrimination dans la fourniture d’un service en raison de l’appartenance à une religion dans un lieu accueillant du public».
En conséquence, la cour, suivant presque à la lettre les réquisitions du Parquet, l’a condamné à une amende de 5 000 euros d’amende, dont 3 000 avec sursis. En outre, le jugement devra être affiché pendant deux mois à la porte du Cénacle, le restaurant de cuisine française dont le prévenu est propriétaire dans cette ville du nord de la région parisienne.
Il devra aussi payer 1 000 euros de dommages et intérêts à la plaignante et un euro symbolique au Comité contre l’islamophobie en France (CCIF), en plus de rembourser à chacun 1 000 euros au titre des frais de justice.
L’avocat du CCIF, Ouadie Elhamamouchi, s’est déclaré «plutôt satisfait» d’une décision qui montre que «l’islamophobie n’est pas une opinion mais un délit qui est réprimé sur le plan pénal». Il a cependant regretté que le prévenu ne soit pas venu «s’expliquer à la barre».
«C’est une décision modérée mais j’estime que l’infraction n’est pas constituée. Il n’a pas été démontré que mon client a refusé de servir ces deux femmes», a réagi maître Nathalie Barbier, l’avocate du prévenu. Il n’est pas certain cependant que son client, qui aspire «à la tranquillité et à l’oubli», désire faire appel, a-t-elle ajouté.