Né à Rouen, le 6 juin 1606. Avocat général de la Table de Marbre à Rouen. Le plus grand de nos auteurs tragiques, il donna sa première pièce, Mélite, en 1625. Son chef-d’œuvre, le Cid, joué onze ans après, obtint un immense succès et souleva la critique passionnée de Mairet et de Scudéry que soutenait Richelieu. Le cardinal imposa à l’Académie de juger cette œuvre. « L’Académie française donna ses Sentiments sur le Cid, et cet ouvrage fut digne de la grande réputation de cette Compagnie naissante. Elle sut conserver tous les égards qu’elle devait et à la passion du cardinal et à l’estime prodigieuse que le public avait conçue du Cid. » (Fontenelle). Corneille fréquentait l’hôtel de Rambouillet ; il y donna quatre ans après le Cid, la première lecture de Polyeucte que l’on applaudit par déférence pour l’auteur, mais que l’on trouva mauvaise. Il ne se présenta à l’Académie qu’après la mort de Richelieu ; elle lui préféra, sous prétexte qu’il habitait la province, en 1644, Salomon de Virelade, et en 1646 Pierre Du Ryer. Lorsque mourut Mainard, il fit savoir à l’Académie qu’il avait arrangé ses affaires pour pouvoir passer une partie de l’année à Paris ; elle n’eut plus aucune objection sérieuse à lui opposer, et il fut élu le 22 janvier 1647. On l’a surnommé le Grand Corneille et le Père de la Tragédie. Il a laissé huit comédies, vingt-trois tragédies, trois discours en prose sur l’art dramatique : sur le poème dramatique, sur la tragédie, sur les trois unités ; les examens sur ses pièces, des poésies diverses et une traduction en vers de l’Imitation de Jésus-Christ.
Il donna Médée en 1635, le Cid qui fut traduit dans toutes les langues européennes, sauf la turque et l’esclavonne, en 1636, Horace et Cinna en 1639, Polyeucte en 1640, le Menteur en 1642, Rodogune en 1646.
Fontenelle, Taschereau et Guizot ont écrit chacun une Vie de Corneille ; Voltaire a publié ses œuvres avec un Commentaire ; La Bruyère, Racine, Gaillard, Bailly, Auger, Victorin Fabre ont composé son éloge. Sainte-Beuve a consacré au Cid quatre Nouveaux Lundis.
La vieillesse de Corneille fut attristée par la pauvreté et par la jeune gloire de Racine que les jaloux opposaient à la sienne.
Corneille mourut doyen de l’Académie. « Comme c’est une loi dans cette Académie que le directeur fait les frais d’un service pour ceux qui meurent sous son directorat, il y eut une contestation de générosité entre Racine et l’abbé de Lavau, à qui ferait le service de Corneille, parce qu’il paraissait incertain sous le directorat duquel il était mort. La chose ayant été remise au jugement de la compagnie, l’abbé de Lavau l’emporta. » (Fontenelle).
Mort le 1er octobre 1684.