Selon les revues de presse du moment, la SNCF afficherait non seulement des comptes à l’équilibre mais de plus excédentaires, avec un résultat net et un cash-flow respectivement établis à 377 et 179 millions d’euros. L’histoire serait alléchante pour cette habituée des déficits abyssaux si l’on s’avisait d’accorder le moindre crédit à pareille annonce. La réalité s’avère nettement moins avenante si l’on prend en compte les déficits cumulés de SNCF Réseau à 42,3 milliards et celui de SNCF Mobilités à 7,8 milliards d’euros, soit un endettement cumulé à peu de chose près équivalent à l’impôt national sur le revenu d’une année avant l’effet Hollande.
La compagnie nationale vient par ailleurs d’annoncer une dépréciation d’actifs de 12,2 milliards dans ses comptes 2015, entraînant la quasi-disparition des capitaux propres. Dans la vraie vie d’une véritable comptabilité telle qu’applicable aux entreprises privées, la seule issue réaliste consisterait bien entendu à déposer le bilan.
Des tels montants témoignent de l’impasse dans laquelle se trouve la SNCF, grassement subventionnée jusque dans les années 1980 puis endettée depuis, incapable de financer les coûts des infrastructures ferroviaires ni même l’entretien du réseau, avec les risques potentiels que font peser sur les passagers des restrictions dans ce domaine. De plus, la moindre remontée des taux d’intérêt sur un endettement à cette hauteur entraînerait immédiatement une implosion du système et une reprise en main draconienne.
D’ailleurs, tôt ou tard, l’appartenance du sémillant PDG Guillaume Pepy au Club Le Siècle, dont il est administrateur, ne suffira évidemment pas à éviter à l’entreprise nationalisée une rafale de mesures radicales pour tenter de sauver ce qui peut l’être du naufrage. A mesure des scandales et faillites – cf. l’affaire Areva –, on mesure mieux l’incompétence et surtout l’inanité de ces commis d’Etat bien souvent cooptés pour de sordides raisons que la raison ignore. Idem pour feu Richard Descoings, son ex-amant, épinglé pour la gestion singulière de l’Institut d’études politiques (Sciences Po) et sa folie des grandeurs avant de trouver la mort en épectase, dans une chambre d’hôtel à New York, en galante compagnie de deux prostitués gays. Il entretenait donc avec Guillaume Pepy une amitié particulière, situation courante dans une partie de la haute administration, qu’il s’agisse de la Cour des comptes, du quai d’Orsay ou du Conseil d’Etat.
C’est de l’ordre de la vie privée, s’offusqueront peut-être certains. Peut-être, mais il devrait tout de même demeurer loisible au contribuable de s’interroger sur le temps de travail et l’implication réelle que ces élites surpayées consacrent à leurs missions prestigieuses tandis que s’écroulent des pans entiers de secteurs économiques dont on les dit en charge.
Arnaud Raffard de Brienne – Présent