Publié avec constance par Letouzey et Ané (85 Bd Raspail, 75 006 Paris), ce Dictionnaire de biographie française reste, malgré la concurrence de Wikipedia et autres sites, un outil indispensable. Le présent fascicule (Le Roy-Lescallier : 253 grandes pages de trois colonnes chacune) achève la série des Leroy/Le Roy, qui sont finalement 187, incluant les Leroy-Beaulieu, les deux Leroy de Saint-Arnauld (le maréchal et son frère), Le Roy-Ladurie (pas Emmanuel, qui est toujours vivant !), etc. Mais connaissiez-vous la famille Leroy de Boisaumarié ? Toute une dynastie de préfets issus d’un Leroy parti en 1792 avec les Volontaires de l’Orne, et d’une Mélanie Belloc qu’il épouse, devenu baron, en 1807 – la propre sœur du peintre Jean-Hilaire Belloc, grand-père du grand écrivain anglais Hilaire Belloc et parrain d’Ernest-Hilaire de Boisaumarié.
« Ton Savoureux », disait Céline…
Ce fascicule du DBF est l’occasion d’autres découvertes inattendues. Par exemple, une sœur aînée d’Alphonse Allais (Mme Leroy-Allais) qui fut adaptatrice du Roman de Renart pour Benjamin Rabier et militante anti-avortement. Ou l’acteur Georges Le Roy (1885-1965) qui participe efficacement, dans son milieu, au renouveau catholique de l’entre-deux-guerres, avec à ses côtés Mgr Baudrillart… qu’on retrouve curieusement en 1939 comme préfacier du marquis de La Franquerie (1901-1992), bien connu de certains de nos lecteurs et qui a une longue notice dans ce fascicule, puisqu’il s’appelait André Lesage à l’état civil.
J’émettrai quelques regrets en tant que « littéraire » : Albert Paraz aurait dû figurer, aux côtés de Léautaud et Fautrier, parmi les clients de la clinique du Dr Le Savoureux : « ton Savoureux », lui écrivait Céline, car Paraz a séjourné dans le pavillon de La Vallée aux Loups transformé en clinique, et il raconte cela dans l’immortel Gala des Vaches (1948) ; et la notice Alain-René Lesage pourrait être plus développée – mais il semble que l’auteur de Turcaret et Gil Blas soit encore un peu négligé par l’Université…
Signalons aussi quelques lapsus : un renvoi indu, page 1172, au n° 169 ; et, plus étonnant, dans la notice de Charles Lesca, « l’exécution » de Philippe Henriot, au lieu d’« assassinat » : un assassinat qui en suscita, hélas ! beaucoup d’autres en représailles.
Enfin, une maladresse : l’usage de l’explétif ne après sans que, précisément dans la notice du grand écrivain Lesage, qui ne commet jamais la faute (c’est une mauvaise habitude qui s’est répandue au XIXe siècle, – jamais toutefois chez Hugo).
Robert Leblanc – Présent