Macron privé de décence ordinaire!

Je vais simplement relever quatre séquences qui établissent pour moi la réalité du personnage :

– Il y a d’abord le sourire de Jean-Pierre Jouyet, son parrain, prononçant son nom de nouveau ministre de l’Economie sur le perron de l’Élysée. Jouyet, incarnation concentrée de la caste, jubilant du bon tour joué aux Français.

– Il y a ensuite le « dérapage » à propos des ouvrières de l’entreprise Gad. Pour sa première interview radio sur Europe 1, parlant d’un dossier suivi par son ministère, il proféra la phrase suivante : « Dans mes dossiers, il y a la société Gad : il y a dans cet abattoir une majorité de femmes, il y en a qui sont pour beaucoup illettrées ! » Aucune méchanceté, aucun mépris dans cette phrase, juste une inconscience meurtrière. Monsieur Macron, même si cet illettrisme est réel et constitue une difficulté supplémentaire pour reclasser ces ouvrières promises au chômage, on n’a pas le droit de faire état publiquement de ce qui est toujours vécu comme une humiliation. La langue et l’écriture sont un terrible marqueur social, et si l’on peut encore être fier d’être ouvrier, on a toujours honte d’être illettré. Si vous aviez un minimum d’expérience, et de sensibilité sociales, vous auriez évité, en vous disqualifiant, de faire blêmir ces femmes déjà dans la détresse. Vos excuses postérieures n’y changeront rien.

– Devant Jean-Claude Bourdin sur BFM ensuite, nous avons eu cette petite leçon adressée aux chômeurs, ces paresseux, ces assistés : « Si j’étais au chômage, je n’attendrai pas tout des autres ». Pouvait-il faire preuve de plus de morgue, sachant qu’il ne sera jamais au chômage ? Emmanuel Macron, avec son diplôme de l’ENA, a son passeport pour une tranquillité confortable, voire très confortable, toute sa vie. Les alternances politiques ne lui poseront aucun problème, et avec quelques allers-retours public-privé dont il a déjà eu la pratique, il pourra même, marchant sur les traces de ses prédécesseurs Naouri et Pigasse, amasser une jolie fortune.

– Plus récemment, notre récidiviste a remis le couvert : « La vie d’un entrepreneur est bien souvent plus dure que celle d’un salarié. Il ne faut jamais l’oublier. Il peut tout perdre, lui, et il a moins de garanties ». Parce que le salarié, ne peut pas tout perdre lui ? Parmi ceux de Goodyear, foutus à la porte parfois après trente ans de maison, il y en a quatorze qui ont vraiment tout perdu. Jusqu’à leur vie, suicidés, morts de désespoir. Qui peut contester que la vie d’un petit patron peut être très dure, difficile et risquée, mais elle a le premier mérite d’être un choix, et le second de permettre de commander. Pour avoir fait les deux, je sais ce que cela veut dire. Mais Monsieur Macron qui n’a fait ni l’un ni l’autre, n’hésite pas à comparer ce qui n’est pas comparable. Il se prétend philosophe, alors on ne saurait trop lui conseiller de jeter un coup d’œil sur les écrits d’un autre philosophe, allemand, barbu et d’un certain calibre celui-là. Il y apprendrait, que si chef d’entreprise est un métier, le salariat c’est un rapport. Un rapport de production dans lequel, le salarié vend sa force de travail qui devient une marchandise, le travail salarié étant alors une dépossession et une aliénation. Qui peut être confortable, pour certains protégés, mais pour le plus grand nombre, surtout aujourd’hui, terriblement difficile.

Alors, ces quatre séquences, caractérisent pour moi, l’infirmité qui frappe Emmanuel Macron, nouvel emblème que nous sert complaisamment le mainstream pour essayer de sauver les meubles. L’absence totale chez lui de ce qu’Orwell repris par Michéa, appelle la « décence ordinaire ». Acculturation qui s’explique par la trajectoire déjà empruntée, et les ambitions affichées. Le service de l’oligarchie ne nécessite pas de s’intéresser au peuple.

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