Le 25 juin 1998, il fut assassiné lors d’ne embuscade… Lounès Matoub disait que sa seule arme était ses chansons. Il disait tout haut ce que le peuple pensait tout bas. Ses textes sont d’ailleurs clairement revendicatifs, et la défense de la langue et de la culture berbère y tiens une place prépondérante. Il militait pour la reconnaissance de Tamazight comme langue nationale et officielle de l’Algérie et pour que celle-ci soit utilisée dans tous les domaines: école, administration, sciences, médias… Matoub, comme il le disait, était également opposé à une hydre à deux têtes: le pouvoir et l’intégrisme islamiste qu’il a engendré.
Ainsi, il chantait contre le régime, caractérisé par la corruption et la criminalité. Dans ses chansons, il n’hésitait pas à s’attaquer de front aux présidents algériens (Chadli, Boumediène, Ben Bella), aux ministres du gouvernement, à la sécurité militaire et même à l’opposition se disant démocrate (FFS,RCD).
Il s’oppose à la politique d’arabo-islamisation menée par ce pouvoir depuis l’indépendance qui ne correspond pas à la véritable identité de l’Algérie. Ainsi, face à la loi d’arabisation du 5 juillet 1998 généralisant l’usage de la langue arabe dans tous les domaines et face au mutisme des sois-disants partis politiques de l’opposition, il dira: “A partir du 5 juillet, je serai la seule opposition en Algérie. Je serai le seul opposant. […] Cette fois, soit ils me jetteront en prison, soit ils me tueront.”
Matoub critiquait également l’école algérienne, falsificatrice d’histoire, qui n’avait pour seul but selon lui que “d’arabêtiser” le peuple. Il militait pour l’instauration d’une véritable démocratie et était un fervent partisan de la laïcité. Il dénoncait également la place faite aux femmes dans la société. En effet, leurs droits sont bafoués et le code de la famille incluant des éléments de la charia, institutionnalise l’infériorisation des femmes par rapport à l’homme.
Opposé à l’islamisme et au terrorisme islamiste, il condamne l’assassinat d’intellectuels. Il composera en juin 1993, quelques semaines après le meurtre de Tahar Djaout, une magnifique chanson à sa mémoire, ”Kenza”, du prénom de la jeune fille de la victime.
Fervent partisan de la laïcité, il s’oppose à ce que la religion s’immisce en politique, et s’oppose fermement à la république islamique tant voulu par les islamistes. A ce titre, il vivra la victoire du FIS aux élections législatives de 1991 comme un drame (la Kabylie, bastion de la résistance selon Matoub, ayant été une des régions d’Algérie où le FIS ne remporta aucun siège). Il restera très menacé par les terroristes islamistes.
Lounès Matoub n’hésite pas également à s’attaquer à de nombreuses composantes sacrées de l’islam. Ainsi, dans sa chanson ”Allah Wakber”, il dénonce la fatalité qui fait accepter tout et n’importe quoi aux musulmans, l’aliénation issue de cette religion qui pousse les gens à ne rien entreprendre car tout est écrit et il y désacralise la langue arabe: elle n’est pas plus importante qu’une autre au motif qu’elle serait la langue du coran.
En 1996, il participe à la marche des rameaux en Italie pour l’abolition de la peine de mort, lui qui a été condamné 2 ans auparavant à cette même peine par les terroristes du GIA.