“Il ne reste qu’un champ de ruines”. Autour de 300 tombes auraient été profanées», selon les premiers éléments de l’enquête. Jacques Wolff, représentant de la communauté juive de Sarre-Union, prévenu par la gendarmerie, a pu constater dimanche l’étendue des dégâts. «J’étais déjà présent lors des précédents incidents (NDLR, c’est la sixième profanation depuis 1979) mais cette fois-ci, c’est nettement plus sérieux. Quand on surplombe le cimetière, il ne reste qu’un champ de ruines», raconte, très ému, l’homme dont toute la famille est enterrée là. «Toutes les tombes ont été jetées bas ou pulvérisées. La grille d’entrée a été fracturée et jetée à terre. Le monument en l’honneur des déportés et des victimes de la Shoah a été littéralement pulvérisé. C’était un monument en grès avec plusieurs plaques de marbre… Il n’en reste que le socle…», lâche-t-il, abattu.
L’enquête étant en cours, Jacques Wolff explique qu’il n’a pu se rendre sur la tombe de ses parents. «Mais une bonne partie des tombes de ma famille n’existe plus. A vue d’oeil, j’ai vu plus de 120 tombes fracassées, alors qu’une partie de cimetière était inaccessible», affirme-t-il. Comme l’ont indiqué des sources proches de l’enquête, l’homme pense que l’acte odieux est «tout frais». «Cela a été commis il n’y a pas plus de 72 heures, selon ce que j’ai pu constater.»
Jacques Wolff se dit «anéanti». «Mon père est mort à Auschwitz en 1943, ma grand-mère est morte de manque de soins en 1944, ils sont enterrés ici. Il y a de quoi être ému.» Il ajoute qu’il va porter plainte «à titre personnel». «Il est impossible de laisser passer de telles exactions. On n’est pas à Prague pendant la Seconde guerre mondiale quand l’on pavait les rues avec les pierres des tombes juives ! On est en France !» s’insurge ce membre d’une des deux dernières familles juives de Sarre-Union.