Vivre au pain sec et à l’eau devient un luxe

Deux fois par an, je guette avec angoisse l’arrivée de la facture d’eau dans la boîte aux lettres.

Et chaque année, je me liquéfie un peu plus. Ce n’est pas de l’eau de mer qui coule du robinet, mais la facture est, elle, bien salée.

Petit historique comparatif de ces factures

Avant le passage à l’euro, en 2001, il en coûtait 89,63 euros pour 48 m3, soit 1,86 euros le m3 (avec les meilleurs vœux de la Société du Canal de la Rive Droite du Var).

En 2010, après huit années d’euro, il en coûtait 136,14 euros pour 44 m3, soit 3,09 euros le m3.

En 2017, sept ans plus tard, il en coûte 197,51 pour 44 m3, soit 4,48 euros le m3, (toujours avec avec les meilleurs vœux de la Société du Canal de la Rive Droite du Var)

Ce produit de luxe, l’eau qui tombe du ciel, est soumis à un taux de TVA de 10 %. Il ne bénéficie pas du taux réduit de 5,5 % (l’alimentaire) ni de celui super-réduit de 2,1 % (les médicaments, les spectacles et la presse imprimée). Désaltérez-vous avec Nice-Matin, dorénavant.

Cette eau a donc a donc augmenté de 240% dans cet intervalle d’une quinzaine d’années.

Rappelons que nos salaires sont restés quasiment figés dans le même temps ain de protéger à la trique notre euro de l’inflation.

On le sait, ce n’est pas l’eau ce liquide abondant et gratuit dans notre nature généreuse, qui fait ce prix. Il faut la capter, la rendre potable, l’acheminer et enfin la dépolluer après utilisation. Bassins de décantation, réseaux, stations d’épuration. Tout cela a-t-il augmenté de 240 % ?

Nul doute que l’Europe est passée par là avec ses normes. Nul doute que ceux qui tirent les ficelles boivent sans soif. Que font nos édiles?

À ce propos, qu’est-ce donc que cette société du Canal de la Rive Droite du Var qui n’a même pas un site Web en 2017 ? Renseignements pris, on trouve 8 personnes au conseil d’administration : Michel Anfossi, 84 ans, PDG, et Robert Rolant 84 ans, Michel Bonnin 83 ans, Henri Delessert Laval 80 ans, Léopold Mayen 80 ans, Danièle Arnaud 69 ans, Michel Bricchi 69 ans et la « cadette » Josiane Bodin 66 ans.

Serait-ce trop demander à ce brillant, jeune et dynamique aréopage de présenter à leurs clients imposés en plus leurs meilleurs vœux, quelque explication sur cette envolée des prix ?

Ne dit-on pas que la vieillesse est un naufrage. Souhaitons que ces dirigeants ne nous entrainent pas dans le leur. Cette société prend l’eau. Les usagers en ont marre de boire la tasse.

Je n’ose plus prendre de bain, je n’arrose plus mes géraniums. Bientôt je boirai mon pastis pur. Vivre au pain sec et à l’eau devient un luxe.

Michel Lebon – Nice Provence Info

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