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La Grande-Bretagne, principale puissance mondiale à la fin du XIX° siècle, a fait du Golfe un lac britannique sur la route des Indes, par le contrôle qu’elle exerce sur Oman, les Etats de la côte de la Trêve, Qatar et Bahreïn. A la fin du XIX° siècle, l’Allemagne de Guillaume II fait son entrée sur la scène des rivalités coloniales et se rapproche de l’Empire ottoman. Le projet phare de Berlin est la ligne de chemin de fer Berlin-Istanbul-Bagdad qui doit s’étendre jusqu’au Golfe, loin des routes maritimes contrôlées par les Anglais. Les Allemands apportent aussi leur aide à la construction de la ligne de chemin de fer du Hedjaz qui relie Damas à Médine. Tous ces projets exacerbent les tensions germano-britanniques.
Au début du XX° siècle, la politique traditionnelle anglaise de préservation de l’Empire ottoman change, sous l’effet de l’extension de l’influence allemande auprès d’Istanbul. Redevenu Premier ministre en 1895, Lord Salisbury évoque ouvertement le démembrement de l’Empire ottoman, réservant à son pays une zone très vaste qui englobe la péninsule arabe, le bassin du Tigre et de l’Euphrate, l’Egypte et le Soudan. En dépit de son affaiblissement notoire, l’Empire ottoman garde des positions fortes dans la péninsule arabe. Le creusement du canal de Suez permet à ses soldats de reprendre le Yémen et le ‘Assir.
En 1908 éclate la révolution jeune turque. Un nouveau chérif est nommé à La Mecque : c’est Hussein Ben Ali qui était détenu à Istanbul avec ses trois fils, Ali, Abdallah et Fayçal. Ce dernier est élu député au Parlement ottoman lors des élections législatives décidées par les officiers turcs qui ont pris le pouvoir. Au cours de cette même année 1908 est inauguré le chemin de fer de Médine, ce qui va renforcer les positions des Turcs dans l’ouest de la péninsule.
A l’est, en revanche, l’Empire ottoman ne parvient pas à s’imposer face aux Britanniques, dans un contexte d’hostilité arabe grandissante à l’égard des Turcs. Le cheikh Mohammad al-Sabbah du Koweït intervient de plus en plus dans les affaires de la péninsule car il redoute la puissance de l’émirat de Jabal Chammar, allié des Ottomans. Il va ainsi protéger Abderrahmane Ben Fayçal Âl Saoud, réfugié au Koweït, qui clame son droit à récupérer le trône de Riyad.
En 1896, le cheikh Mohammad al-Sabbah est tué par son frère Moubarak qui sera pendant vingt ans le gouverneur du Koweït. Il se met sous la protection de l’Angleterre afin de fuir les ambitions germano-turques qui visaient à placer son pays sous la domination directe des Ottomans en y faisant déboucher la ligne de chemin de fer Berlin-Bagdad. Tout comme pour le Koweït, la source d’inquiétude principale pour les Anglais dans la péninsule est l’émirat de Jabal Chammar. Ils décident d’accorder leur aide à tous ses concurrents, ce qui va avoir une incidence directe sur le retour des Âl Saoud au pouvoir.