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Il arrive qu’on apprenne une mort et un enterrement bien après. C’est ce qui a failli m’arriver avec cette exposition du château de Versailles, « Le roi est mort », qui aurait mérité mieux que cet articulet, et plus tôt. Il vous reste un gros mois pour la voir. Que les mânes du roi me pardonnent ! Après tout, le chapelain de Versailles lui-même ne consigna le décès du roi qu’en octobre dans le registre de la chapelle, précisant en marge : « Nota. Devoit estre écrit le 1er septembre dernier ».
On comprend que le chapelain ait été débordé entre le 1er septembre 1715, date de la mort, et le 23 octobre suivant, date des funérailles à Saint-Denis. La mort du roi entraînait une série d’actes, de rituels et de préparatifs codifiés et qui devaient être consignés, mobilisant des corps de métier divers.
Les médecins et les chirurgiens ouvrirent le corps du roi pour l’embaumer et le tripartir : corps, cœurs, entrailles. Puis le cercueil fut exposé fermé ; l’usage des cours européennes était d’exposer soit une effigie du roi, soit le corps. Pendant ce temps on préparait le cortège de 2 500 personnes qui mènerait, de nuit, la dépouille à Saint-Denis ; on préparait le fantastique dais mortuaire sous lequel reposerait le cercueil durant l’habillage de la basilique en vue de la messe, travail de presque un mois. C’était là l’ouvrage des artistes et ouvriers des Menus Plaisirs, chargés des fêtes, funérailles comprises.
Avec ses peintures, ses gravures, ses registres et autres documents, l’exposition du château de Versailles explique chaque étape avec précision, sur fond de musique baroque. Car il y a quelque chose de baroque dans ce déploiement spectaculaire dont la scénographie de l’exposition donne une juste idée. Un « spectacle » dont le sens n’échappait à personne, ni à Louis XIV qui agonisant déclarait : « Vous me croyiez donc immortel ? », ni à Massillon qui commença l’oraison funèbre par ces mots : « Dieu seul est grand, mes Frères, et dans ces derniers moments surtout où il préside à la mort des rois de la terre… »
Le Roi est mort, jusqu’au 21 février 2016, château de Versailles.
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