Vous imaginez-vous pousser votre dernier souffle près d’une machine vous murmurant : « Je suis là pour te réconforter, tu n’es pas seul, je suis avec toi » ? Créé par Dan Chen, un chercheur américain, ce robot existe et soulève quelques questions…
Designer et ingénieur américain diplômé du Massachusetts Institute of Technology (MIT) à Boston (États-Unis), Dan Chen dédie ses travaux à la reproduction « d’interactions positives entre humains », mais seulement par le biais de robots. Il a baptisé « friends » cette gamme de robots « bien être ». L’un, très câlin, est équipé d’un capteur de proximité pour détecter les objets et envelopper son bras autour d’eux ; un autre ronronne des vibrations à basse fréquence, pouvant être ressenties à travers le corps, lorsqu’il est tenu à la poitrine. Mais on leur préfère encore Okay Therapy qui fournit des mots personnalisés de confort en cas de dépression.Le plus extrême est le robot fin de vie. Conçu pour réconforter des mourants, il se compose d’un bras rembourré, articulé pour pouvoir caresser, et d’une voix enregistrée avec un message personnalisé. Dès que le patient se couche et que l’appareil est activé, les LED affichent le message « Détection de fin de vie ». À ce stade, le médecin peut sortir de la pièce, laissant le patient seul et le bras robotique commencer son action de va-et-vient, dans ce qui est supposé être un geste réconfortant… La présence humaine remplacée par une machine questionne sur la qualité de l’intimité sans humanité. Selon Chen, sa machine « provoque une sensation paradoxale de confort et d’inconfort », donc de perplexité.
Que les choses soient claires : le robot fin de vie n’est pas en activité. Il a été présenté au public en 2012 dans le cadre d’une installation artistique, Last Moment Hospital. Son projet fut inspiré par Paro, un robot bébé-phoque thérapeutique, utilisé pour réconforter les personnes âgées et isolées, également employé pour soulager les victimes de Fukushima. D’autres robots thérapeutiques ont également trouvé leur usage avec d’autres populations, y compris des enfants autistes, mais l’outil de fin de vie titille les limites conceptuelles de l’interaction homme-machine, sur les territoires où certaines personnes pourraient ne pas être prêtes à aller.
« Je suis désolé que ta famille et tes amis ne soient pas en mesure d’être avec toi. Mais ne t’inquiète pas, tu n’es pas seul », répète la création de Dan Chen, d’une voix douce. L’image révèle le manque de liens familiaux et sociaux. Un effet placebo du confort, sur lequel on a questionné Dan Chen.