Vingt-trois jours après sa spectaculaire arrestation, Carlos Ghosn vient de porter plainte pour contester la validité de son maintien en détention provisoire. Selon l’agence de presse Kyodo, le PDG de Renault, qui a été démis de ses titres de président chez Nissan et Mitsubishi Motors, aurait déposé plainte devant le tribunal de district de Tokyo pour dénoncer son nouveau placement en détention provisoire dans la prison de Kosuge, située au nord de Tokyo.
Lundi, le patron franco-brésilien avait été mis en examen formellement pour un délit financier. Le Parquet lui reproche de ne pas avoir fait inscrire dans un rapport financier, que Nissan remet chaque année aux autorités boursières, une partie de ses compensations sur la période de 2010 à 2015. Greg Kelly, l’un de ses proches adjoints chez Nissan, a lui aussi été mis examen pour avoir aidé son patron à minorer une partie de ses revenus. Et le constructeur a également été inculpé pour avoir déposé pendant cinq ans des documents financiers erronés auprès des autorités boursières. Dès l’annonce de ces premières charges, le Parquet a demandé de maintenir en détention Carlos Ghosn, tout comme Greg Kelly, pour l’interroger sur un second volet de cette affaire. Cette fois, le procureur le soupçonne d’avoir continué de minimiser ses compensations de 2015 à 2017. Carlos Ghosn nie toute malversation. Il explique que les éléments qu’il n’avait pas fait inscrire, depuis 2010, dans le document boursier, étaient des compensations différées dont le montant exact n’avait pas été déterminé. En maintenant Carlos Ghosn en prison pour une période de dix jours supplémentaires, qui pourrait être étendue avec l’accord d’un juge pendant encore dix jours, le Parquet pourrait espérer épuiser moralement son suspect. L’objectif : lui faire avouer l’ensemble des faits qui lui sont reprochés. Les avocats pénalistes nippons dénoncent régulièrement cette tactique qu’ils décrivent comme une « justice de l’otage ». Les suspects ne pouvant espérer sortir de détention que s’ils offrent une confession complète.
Dominique Seux, directeur délégué de la rédaction des Echos et éditorialiste à France Inter, précise et explique.