Le waf, premier café chiens d’Europe!

On le sait depuis Coluche : il y a des gens qui ont des enfants parce qu’ils ne peuvent pas avoir de chien. Mais il y a pire, hélas : des gens qui n’ont ni l’un ni l’autre. Alors… alors il faut trouver des thérapies de substitution. C’est ainsi qu’une jeune Lilloise vient d’ouvrir le Waf, premier bar à chiens d’Europe.

Ophélie Poillion est une belle personne. Talentueuse, en plus : à 24 ans, elle a réussi à lever 60.000 euros sur une plateforme de crowdfunding pour financer son beau projet. Un projet destiné à « tous ceux qui n’ont pas la chance ou la possibilité de profiter en permanence de la présence d’un chien à leur côté ». Des gens en souffrance au bout de la laisse, donc.

Alors elle a ouvert dans le vieux Lille un bar spécial : pour 4 euros la demi-heure ou 6 euros l’heure, on a café et thé à volonté et, surtout, la possibilité de tripoter Médor tout son saoul.

Ils sont neuf, des chiens dressés « pour accepter les caresses d’inconnus », qui s’offrent à qui mieux mieux : sur le dos, sur le ventre, debout, assis, couché, en levrette, en embuscade, à pleines mains, avec deux doigts… On fait tout comme on veut. Et puis, surtout, dit la tenancière de cette nouvelle maison de passe : « On n’est pas obligé de devoir les promener, pas obligé de devoir ramasser les crottes ni de devoir payer les croquettes, tout ça… »
Les chiens font la queue, les clients aussi. Ils se confient à la caméra, racontent leurs peines de cœur, celles qui conduisent au manque : le monsieur et sa dame qui n’ont pas un logement assez grand pour accueillir un enfant ou un chien ; la demoiselle qui, depuis la rupture avec son compagnon, partage le chien dans une « garde alternée »… On retient ses larmes.

Mais il faut le reconnaître : depuis un mois qu’ils peuvent venir tirlipoter l’animal pour quelques euros, tous ces braves gens ont l’air d’aller beaucoup mieux. L’idée, assurément, est bonne en soi. Pour le physique comme pour le moral, ce qui ne peut, à terme, qu’alléger les comptes de la Sécurité sociale. Peut-être pourrait-on, alors, étendre la chose ?

Du coup, je m’interroge : nous avions autrefois, sur le même modèle, des maisons où l’on pouvait trouver des dames dressées elles aussi « pour accepter les caresses d’inconnus ». Mais Marthe Richard les a fermées et, plus grave encore pour les malheureux qui ne peuvent pas s’offrir à demeure une dame à promener et à qui payer des croquettes, la loi leur interdit désormais d’en louer une à la demi-heure. Peut-être faut-il alors les rouvrir ? Et pourquoi pas imaginer, de même, des maisons pour les humains en mal d’enfant (je ne parle même pas des pédophiles) ? Un lieu où les laver, les habiller, leur faire guili-guili un petit quart d’heure et puis s’en va. Pas obligé, là non plus, de les sortir, de ramasser les crottes, de leur payer des croquettes, encore moins de se taper les réunions de parents d’élèves… Le rêve, quoi !

Je vous demande pardon, cher lecteur, je m’égare…

Non, à vrai dire, j’imagine plutôt qu’on verra bientôt surgir un défenseur des droits de l’animal qui se dressera contre l’exploitation ignominieuse de nos amis à poils dans les bars à chiens et à chats, contraints de se vautrer sur des canapés les pattes en l’air pour que des humains en mal d’affection puissent leur chatouiller le ventre…

Marie Delarue Boulevard Voltaire

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