Ramanujan, génie indien des mathématiques!

Au début du XXe siècle, le prodige indien Srinivasa Ramanujan a couvert plusieurs carnets de résultats mathématiques étonnants. Les mathématiciens s’en inspirent encore 
pour faire de nouvelles découvertes.

Avant de mourir, 
Ramanujan (1887-1920) avait 
rempli plusieurs carnets de plus 
de 3 000 propositions, 
souvent profondes, portant 
sur la théorie des nombres. 
Les mathématiciens découvrent encore aujourd’hui dans ses notes 
des idées intéressantes. L’autodidacte indien Srinivasa Ramanujan avait noté plus 
de 3 000 formules 
et propriétés liées 
à la théorie des nombres. Beaucoup se sont révélées exactes et ont inspiré les générations suivantes de chercheurs.

Un samedi matin de 1984, alors que Ken Ono est encore lycéen, il ouvre la boîte aux lettres familiale à Baltimore, aux États-Unis, et y trouve une enveloppe fine comme du papier de riz et couverte de timbres colorés. Elle est destinée à son père, un mathématicien japonais peu expansif. Quand K. Ono lui tend ce courrier, son père lève les yeux du bloc-notes jaune sur lequel il est occupé à griffonner des équations et pose son stylo. Délicatement, il décachette l’enveloppe et déplie la lettre qu’elle contient.

« Cher Monsieur », commence-t-elle, « J’ai appris […] que vous avez contribué à la sculpture en mémoire de feu mon mari […]. J’en suis heureuse. » Et elle est signée « S. Janaki Amal », que l’en-tête à l’encre rouge identifie comme la veuve de « (Feu) Srinivasa Ramanujan (Génie Mathématique) ».C’est la première fois que le jeune K. Ono entend parler de Ramanujan. Autodidacte indien, le prodige mathématique Ramanujan a énoncé il y a presque un siècle des propriétés qui « semblaient à peine croyables », comme l’écrivait son collègue britannique Godfrey Harold Hardy. Pourtant, ses travaux ont inspiré des domaines entièrement nouveaux des mathématiques et des théories qui, dans plusieurs cas, ont valu à leurs concepteurs la médaille Fields, l’équivalent pour les mathématiques du prix Nobel.Pendant ses études de mathématiques, K. Ono, aujourd’hui professeur de théorie des nombres à l’Université Emory, en Géorgie, n’a jamais eu de raison de prêter particulièrement attention à Ramanujan. À sa connaissance, le « Génie Mathématique » n’avait laissé derrière lui aucune intuition nouvelle en rapport avec sa spécialité en théorie des nombres, les « formes modulaires », des objets abstraits quadridimensionnels dotés de remarquables propriétés de symétrie.Ramanujan fit toutefois une réapparition spectaculaire dans la vie de K. Ono en 1998, quand il avait 29 ans. Alors qu’il rassemblait les travaux du prodige pour en présenter une anthologie, Bruce Berndt, mathématicien de l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign, a mis la main sur un manuscrit passé plutôt inaperçu. Comme le texte traitait des formes modulaires, B. Berndt le scanna et l’envoya par courrier électronique à K. Ono, pensant qu’il parviendrait peut-être à déchiffrer certains énoncés étranges.Parvenu aux deux tiers du manuscrit, K. Ono s’arrêta. De son écriture d’écolier soigneux, Ramanujan avait inscrit six énoncés mathématiques qui semblaient très bizarres à K. Ono, alors qu’ils touchaient à sa spécialité. Pour K. Ono, ces propositions étaient sûrement fausses. « Je les ai regardées et je me suis dit : ‘‘Impossible. C’est n’importe quoi.” » Sa première réaction fut de tenter de prouver que Ramanujan avait tort. Nul ne sait comment Ramanujan est parvenu à tous les résultats qu’il a consignés. Il s’est instruit tout seul en utilisant un manuel anglais dépassé et, vers l’âge de 25 ans, tout en travaillant comme employé du gouvernement, il a commencé à faire part de ses idées dans des lettres adressées à des mathématiciens anglais. Il reçut une seule réponse positive. Elle provenait de Hardy, alors jeune professeur à l’avenir prometteur, qui l’invita à venir travailler avec lui à Cambridge. Après deux ans seulement passés à l’étranger, Ramanujan tomba malade, à la suite des pénuries de nourriture de la Première Guerre mondiale. Amaigri et fiévreux, il rentra en Inde où il mourut en 1920. Il n’avait que 32 ans.

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