Le Qatar a fait un don substantiel à la commune de Mouans-Sartoux. L’opposition dénonce les passe-droits qui lui sont accordés en contre-partie. L’émirat investi depuis plus de 20 ans en France, à dessein politique pour ses critiques.
La conseil municipal de la commune de Mouans-Sartoux près de Cannes a approuvé lundi 12 décembre un don d’un million d’euros de l’ancien émir du Qatar – qui a régné entre 1995 et 2013 – le cheikh Hamad Khalifa al-Thani. La famille royale qatarie a depuis 20 ans acheté plus de 30 hectares dans la commune.
L’opposition ne décolère pas et l’a fait savoir pendant le Conseil municipal. Christophe Charlier (Divers droite) a entre autres dénoncé les facilitations urbanistiques accordées au cheikh.
L’élu explique que le don de la famille royale, qui intervient après des travaux réalisés sans autorisation, soulève la suspicion, assénant que les qataris «ne sont pas des mécènes, ils investissent». Il conclut sa diatribe en affirmant que ce don a pour but de financer l’éducation et l’alimentation durable dans la commune et martèle qu’il refuse de se trouver «sous influence de qui que ce soit».
Les investissements immobiliers du cheikh ne se limitent pas au sud-est de la France, l’hebdomadaire Marianne et le site Médiapart ont révélé en juin qu’entre 1989 et 2015, l’ancien émir a acheté à titre personnel 34 biens ou domaines répartis entre Paris, le sud et l’ouest du pays, d’une valeur globale de 3,3 milliards d’euros. Les hôtels Carlton et Martinez à Cannes, les prestigieux Concorde Lafayette et hôtel du Louvre à Paris et bien sûr, achat hautement symbolique, le club de football du Paris Saint-Germain sont passés sous la bannière de l’Emirat.
Des investissements facilités par une fiscalité avantageuse mise en place en 2008 par Nicolas Sarkozy : l’Etat du Qatar et ses entités publiques – y compris la famille de l’émir – sont exonérés d’impôt sur les plus-values de tous les investissements immobilers réalisés dans l’hexagone.
L’argent frais apporté par le Qatar est vu d’un bon œil à droite comme à gauche, François Hollande ayant poursuivi la politique de son prédécesseur vis-à-vis de l’émirat. Il a notamment lancé un fond franco-qatari en 2013 de 300 millions d’euros à destination des banlieues.
Les critiques du projet estiment qu’il devrait être perçu dans sa dimension politique autant qu’économique : «Nous sommes tentés de lier ces fonds pour les banlieues aux penchants islamistes du Qatar, étant donné le rôle de ce pays dans le financement des Printemps arabes et des Frères musulmans», a expliqué Karim Sader spécialiste du Moyen Orient à France 24. Marine Le Pen l’a de son côté qualifié de «Cheval de Troie de l’islamisation».