Hollande inaugure ce jour le musée de l’immigration!!!
«L’immigration, ça fait toujours des histoires.» La nouvelle campagne de communication du Musée de l’histoire de l’immigration résume bien le tournant pris par le Palais de la porte Dorée.
Après sept ans d’existence, et sans doute de réflexions, le musée se réorganise et présentera, à partir du 16 septembre, une nouvelle muséographie, plus légère, axée sur la petite autant que sur la grande histoire.
Mélangeant des archives personnelles – comme le dossier de réfugiée de Maria Casarès, des carnets anthropométriques, des registres d’admission ou les témoignages des chorégraphes Angelin Preljocaj ou Carolyn Carlson – et des faits, la nouvelle exposition permanente propose des «repères». Ils traitent, de manière lucide, de ce qui fait le parcours d’un immigré – le départ, les relations avec l’État, l’enracinement, le travail, etc. La France s’est bâtie en partie grâce aux étrangers, accueillis dès la fin du XIXe siècle. Un quart de la population française – au bas mot – a des origines étrangères.
Au premier étage, une nouvelle galerie des dons à la fois émouvante, intrigante et instructive, matérialise cette relation ancienne. Le musée a récolté 250 objets ayant appartenu à des immigrés, célèbres ou non, et tisse, à travers eux, leur intégration dans l’histoire française. Les bottes de Lazare Ponticelli, un des derniers poilus, ainsi que la truelle de Luigi Cavanna, père de François et maçon de métier, ouvrent la voie au récit de l’épopée italienne. Plus loin, la fraiseuse d’Emilio Reig, né en 1920 en Espagne, illustre le flot espagnol, nourri par l’arrivée des républicains après la guerre. Macha Makeïeff a pour sa part donné l’étole en cachemire de sa grand-mère, Olga, de quoi parler de l’apport des Russes en France.
C’est grâce à une veste de chef cuisinier du restaurant Petrossian, celle de Rougui Dia, que l’immigration sénégalaise est abordée et, avec elle, la recherche de l’équilibre entre deux cultures éloignées. Le père de la jeune femme, arrivé en France en 1960, lui disait: «On est en France et on respecte le pays dans lequel on est, sans pour autant ne pas respecter ce que l’on est», raconte Rougui Dia.
Grâce ou à cause de la carte de gréviste de Sacko Fousseni, un Malien qui fut un temps sans papiers, l’actualité fait soudain irruption dans la galerie des dons. Avec elle s’invitent la politique et la polémique. «L’interférence entre le passé et le présent est l’apanage du musée», explique Benjamin Stora, historien spécialisé dans l’histoire de l’Algérie, nouveau président depuis le mois d’août. «C’est toute la difficulté de ce lieu magnifique.» Pour lui, les expositions du Palais de la porte Dorée doivent se centrer sur le XIXe et le XXe siècle. Quant aux réflexions sur «l’autre» ou la politique intérieure, elles seront réservées aux conférences et autres tables rondes organisées par le musée. «Il faut maintenir le cap sur l’histoire et ne pas se laisser embarquer par les problématiques contemporaines», ajoute-t-il.
Le musée compte creuser davantage le sillon des expositions temporaires (une grande est prévue en novembre sur la haute couture) et celui de l’art contemporain. Il y a, de toutes les façons, une forme d’urgence: avec quelque 58.000 visiteurs au premier semestre 2014, le palais et son sujet n’ont pas la fréquentation qu’ils mériteraient.
Mercedes Erra devra séduire des mécènes
Aux côtés de Benjamin Stora, Mercedes Erra, présidente exécutive d’Euro RSCG Worldwide, a pris la tête du conseil d’administration. Fille d’Espagnols, elle se dit sensible à la diversité. Et devrait, grâce à son entregent et son carnet d’adresses, sensibiliser les mécènes au musée. Il y a du chemin à faire. Créé en 2007, le Musée de l’immigration a toujours eu de la peine à se faire une place au soleil. Ouvert en pleine polémique sur de possibles tests ADN pour les immigrés, il n’a jamais été inauguré officiellement. Puis une partie des historiens a démissionné du conseil d’administration après la création du ministère de l’Immigration. Enfin, en 2010, des sans-papiers l’avaient occupé et le palais avait même été fermé au public plusieurs semaines. De quoi ternir une image.