À travers une foule d’archives, dont certaines intimes, le combat d’Eleanor Roosevelt, “first lady” libre et engagée qui, par la force de ses convictions, s’est imposée dans un monde d’hommes.
A priori, rien ne prédestinait Eleanor Roosevelt, femme intelligente mais effacée, à influer durablement sur le cours politique des États-Unis. Épouse du charismatique 32e président américain, père providentiel du New Deal après la crise de 1929, cette first lady va s’émanciper, au fil des combats qu’elle entreprend au nom de la justice sociale et contre toutes les formes de discrimination. Féministe, militante des droits des minorités, cette inlassable avocate des-laissés-pour-compte sillonne l’Amérique à leur rencontre pour porter leurs voix auprès de son mari. Avec lui, elle forme une équipe plutôt qu’un couple, ralliant à la cause démocrate de nouveaux électeurs, notamment dans la communauté afro-américaine.
Mais derrière les images compassées du protocole et le portrait de famille idyllique avec cinq enfants, les époux ne cessent de s’éloigner, Franklin Roosevelt entretenant une relation jusqu’à sa mort avec son ancienne secrétaire, Lucy Mercer, alors qu’Eleanor vit un grand amour avec la journaliste Lorena Hickok. Laquelle, plutôt radicale, l’introduit dans les milieux d’avant-garde, au grand dam des conservateurs.
Ce portrait d’une femme moderne éprise de liberté, référence revendiquée aujourd’hui par Hillary Clinton dans sa campagne, plonge dans l’Amérique de l’entre-deux-guerres, ébranlée par la Grande Dépression, au fil d’extraordinaires archives, dont certaines étonnamment intimes. Alors que des familles s’entassent dans des taudis, la minorité afro-américaine, paupérisée, commence aussi à se faire entendre, à travers des figures comme la chanteuse lyrique Marian Anderson – pour laquelle Eleanor Roosevelt organisera en 1939 un concert monstre devant le Lincoln Memorial, une organisation féministe lui ayant refusé l’accès à la salle où elle devait chanter. Un tournant que cette first lady inspirée, qui s’est imposée dans un monde d’hommes, a su accompagner avec ferveur.