Le goût des autres, c’est celui de la famille Kadam qui a dû fuir son foyer de Mumbai à la suite d’une série d’événements tragiques (une révolte au cours de laquelle la mère a péri dans les flammes). Une famille nombreuse qui tenait une gargote et qui a quitté son Inde natale pour s’installer à Saint-Antonin-Noble-Val, petit village paisible situé en pleine campagne dans la région Midi-Pyrénées.
Dans la famille Kadam, il y a le père (Om Puri), patriarche fort en gueule, tête de mule et bon vivant, Hassan (Manish Dayal), le fils qui a un don inné pour la cuisine, son frère et sa sœur. Pour toute la tribu, Saint-Antonin-Noble-Val est l’occasion d’un nouveau départ, d’une nouvelle vie. L’endroit idéal pour ouvrir un restaurant, La Maison Mumbai. Alors, chaud devant ! Encore faut-il se faire accepter par les autochtones…
Si le maire de la commune (Michel Blanc) n’a rien contre, en revanche il y a une personne qui voit d’un mauvais œil l’implantation d’un restaurant exubérant à la mode Bollywood (illuminations à outrance, décor toc, musique qui fait plus de bruit que le Bagad de Lann-Bihoué) en face de chez elle.
Cette personne, c’est Madame Mallory (The Queen Helen Mirren), une british qui dirige Le Saule pleureur, restaurant chic étoilé au Guide Michelin qui n’a rien d’une cantine de resto U. Là, c’est la grande classe. Une table renommée pour ses spécialités bien françaises, comme le bœuf bourguignon ou encore le pigeon aux truffes. Une femme autoritaire, un peu pimbêche, qui clame haut et fort son dégoût pour ce restaurant minable installé juste en face de son établissement (seule une route départementale les sépare).
Et c’est le début d’une guerre sans pitié. Une guerre des chefs. La cuisine indienne affronte la haute gastronomie française. Jusqu’à ce que la passion d’Hassan pour la grande cuisine française – et pour la charmante sous-chef du Saule pleureur, Marguerite (Charlotte Le Bon) – se combine à son don pour orchestrer un festival de saveurs associant magnifiquement les deux cultures culinaires et que Madame Mallory, en quête d’une deuxième étoile, finisse par reconnaître son talent et le prenne sous son aile pour gravir les échelons de ceux qui font les grands chefs…
Cuisines et dépendances ! On connaissait la cuisine au beurre, à l’américaine, voici la cuisine indienne, et ce n’est pas du mou pour chat. Aux fourneaux et au piano de celle-ci : Lasse Hallström.
Une fois abstraction faite du message politico-socialement correct de « l’intégration par la cuisine », on se laisse prendre par ce film mitonné aux épices de la passion adapté du livre Les Recettes du bonheur de Richard C. Moaris et produit par la « brigade » composée de Steven Spielberg, Oprah Winfrey et Juliet Blake.
Un film, une comédie aux senteurs exotiques, qui vous régale, vous titille les papilles et vous met l’eau à la bouche grâce essentiellement au « jeu de guerre » gustatif du genre couteau, fourchette et toque que se livrent Helen Mirren et Om Puri.
L’ensemble de cet « amour, fourchette et épices » est sympathique, chaleureux et se déguste gentiment. Dommage toutefois que le temps de cuisson de cette « ratatouille » franco-indienne soit un peu trop long (1 h 56). Chaud devant !
Lu sur Présent