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Deux ONG ont réhabilité un vieux chalutier pour venir appuyer l’action des navires humanitaires en Méditerranée. L’Aita Mari partira secourir les réfugiés en détresse sans savoir où accoster.
D’un jour à l’autre, l’Aita Mari prendra la mer à la rescousse des migrants en détresse. Ne manque plus que l’aval du gouvernement concernant les normes techniques. Du reste, tout est prêt. En janvier, deux ONG basque et andalou, SMH et PROEM-AID, s’allient pour former le projet «Maydayterraneo». Le défi: acheter un bateau pour créer un «nouvel Aquarius ».
Le gouvernement autonome basque prend le projet sous son aile et verse 400.000 euros. Les donations privées et les cotisations des municipalités ont fait le reste: au total, 750.000 euros ont été mobilisés pour l’achat et la réhabilitation du bateau. Pendant huit mois, des bénévoles ont travaillé nuit et jour pour transformer un vieux chalutier en navire de sauvetage, amarré au port de Pasaia, au Pays basque. Long de 42 mètres, le bateau pourra accueillir 150 migrants en toute sécurité, peut-être 200, d’après l’association. Douches, toilettes, couchettes: tout est prévu pour assurer aux migrants des conditions de survie décentes.
Mais le véritable défi était de réunir les différentes autorisations administratives. Finalement, le bateau a obtenu le pavillon espagnol. «Étonnamment, ça a été assez facile», assure Daniel Rivas, porte-parole de Maydayterraneo. «Le soutien du gouvernement autonome basque a été précieux. Ils nous ont aidés à franchir toutes les barrières administratives, et nous remplissons les conditions officielles, comme avoir cinq marins professionnels salariés à bord».
Le bateau larguera les amarres direction la Méditerranée centrale, et sillonnera la mer au large de la Libye à la recherche de réfugiés en détresse. Mais où accostera-t-il, une fois les migrants à son bord? Là est la question, quand l’Aquarius était hier encore bloqué en mer sans port d’accueil. Inutile d’envisager l’Italie: le ministre de l’intérieur Matteo Salvini avait assuré le 29 juin que les ONG ne verraient l’Italie «qu’en carte postale» et qu’aucun débarquement ne serait autorisé de tout l’été. Le port d’attache basque de l’Aita Mari, Pasaia, est lui beaucoup trop éloigné de la Méditerranée centrale pour imaginer y conduire les migrants. «Ici, c’est le doute», admet Daniel Rivas. Mais pas question de renoncer: «On est têtus. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il faut le faire. On va aller en mer, et on verra.» L’association compte sur la médiatisation pour faire céder les différents gouvernements, mais aussi sur la négociation: «On va miser sur la communication pour trouver des solutions. À chaque fois, de nombreux ports se proposent pour accueillir les navires.»