L’État islamique a élaboré une «théologie du viol» et ses membres l’appliquent systématiquement aux femmes de la minorité yézidie qu’ils ont enlevées. Un long reportage du New York Times plonge en détail dans «la théologie du viol» de Daech, c’est-à-dire le fait de systématiquement recourir à l’esclavage sexuel des femmes yézidies sur les territoires que l’organisation conquiert. Au nord de l’Irak, les Yézidis constituent une minorité religieuse comptant pour environ 1,5% de la population irakienne. La journaliste a interviewe vingt-et-une survivantes qui ont réussi à s’enfuir.
Le sinistre commerce s’est organisé à partir de la conquête de Sinjar en août 2014, quand les combattants de Daech ont pris d’assaut les villages de ces montagnes du nord-ouest de l’Irak, près de la frontière syrienne. L’année dernière, 5.270 femmes yézidies auraient été enlevées, et la majorité d’entre elles seraient toujours captives.
Daech a mis en place une véritable bureaucratie en charge de l’esclavage sexuel, poursuit le New York Times. Les femmes et adolescentes capturées sont transportées vers plusieurs destinations en Irak et en Syrie, puis vendues comme esclaves sexuelles.
L’organisation de cette exploitation va loin dans le sordide puisqu’il existe même un «manuel» de trente-quatre pages sur le viol élaboré par le «département de la Fatwa». Comme le précise le New York Times, pour les membres de Daech, le viol n’est pas qu’un acte de guerre ou de vengeance, mais a été intégré à la doctrine sacrée de la religion. Il est même qualifié de «spirituellement bénéfique» et de «vertueux». Ainsi une victime âgée alors de 12 ans raconte que, lorsqu’un membre de l’État islamique l’a violée, il lui a affirmé que, selon l’islam, le viol d’un incroyant est autorisé.
Contrairement aux juifs et aux chrétiens, qui bénéficient de protections limitées du fait de leur statut de «gens du livre», les Yézidis sont vus comme des polythéistes, et font à ce titre l’objet d’une persécution maximale. De plus, ces derniers ne peuvent contrairement aux juifs et aux chrétiens s’acquitter d’une taxe, la jizya, pour être affranchis.
L’article relate cependant de rares cas de femmes captives qui ont pu être libérées «légalement» par les autorités de Daech.