C’est l’un des événements culturels majeurs de l’été 2017 : l’exposition “Sisley, l’impressionniste” à l’Hôtel de Caumont à Aix-en-Provence. Jusqu’au 15 octobre, une soixantaine d’œuvres retracent en 9 thématiques le parcours de cet artiste anglais qui peignait sur le motif avec une incroyable capacité à saisir les changements de lumière, de temps et de saison.
Si vous aimez les paysages, alors ne manquez sous aucun prétexte “Sisley, l’impressionniste”, première exposition monographique consacrée à cet artiste en France depuis 2002. Parmi la soixantaine d’œuvres réunies à l’Hôtel de Caumont à Aix-en-Provence, certaines n’ont jamais été présentées au public.
MaryAnne Stevens, la commissaire de l’exposition, a choisi de retracer le parcours d’Alfred Sisley en 9 étapes qui montrent notamment les lieux où le peintre aimait s’installer, essentiellement les bords de la Seine (Argenteuil, Louveciennes, Moret-sur-Loing, Bougival…) mais aussi l’Angleterre, pays de ses ancêtres mais où il ne vécut que très peu.
Le plus puriste des impressionnistes
Pour le grand public, Sisley n’est pas le connu des impressionnistes mais il fut pourtant le plus puriste d’entre eux. Il s’est voué corps et âme à la peinture de paysage, demeurant toujours fidèle aux principes fondateurs du mouvement. Inspiré par Corot, les peintres de l’Ecole de Barbizon et probablement John Constable, Sisley peignait les paysages sur le motif et procédait à un repérage visuel systématique de lieux précis pour se constituer un ensemble cohérent de plans. Il notait aussi les différences entre les scènes au gré des changements de lumière, de temps et de saison.
Alfred Sisley, “L’Inondation à Port Marly”, 1872, huille sur toile, 46,4 x 61 cm, National Gallery of Art, Washington, Collection de M. et Mme Paul Mellon
© Courtesy National Gallery of Art, Washington
“Quand il peint il fait des motifs directement sur la toile, avec des touches comme une virgule pour attraper aussi immédiatement que possible ce qu’il voit ” explique MaryAnne Stevens. Mieux que tout autre, Sisley a su peindre le ciel et ses infinies variations. “Quand je commence une toile, je peins toujours le ciel en premier” disait-il. Son talent à capter les changements de lumière, la délicatesse des nuages, voire le souffle du vent dans les arbres donnent à ses toiles une profondeur et une vie étonnantes.
Reportage : France 3 Provence-Alpes – J. Hessas / F. Renard / A. Boi
Alfred Sisley est né à Paris en 1839. Ses parents sont Anglais mais son père, originaire de Manchester, dirige dans la capitale française une entreprise spécialisée dans le commerce international de fleurs artificielles. Il veut que son fils reprenne l’entreprise familiale et l’envoie à Londres en 1857 pour parfaire son anglais et étudier le commerce. Mais le jeune homme fréquente davantage les musées et se passionne pour les grands paysagistes anglais du 19e siècle : John Constable, Richard Bonington et William Turner.
Le paysage au coeur de l’oeuvre
Sisley revient en France en 1860 et défend son envie de suivre un parcours artistique. Il rentre aux Beaux-Arts de Paris où il rencontre Claude Monet, Auguste Renoir et Frédéric Bazille. Déjà, les quatre compères n’ont qu’une idée en tête : sortir de l’atelier pour aller peindre les paysages en plein air, sur le motif. Une démarche qui va guider Sisley durant toute sa vie artistique contrairement à ses collègues qui étudieront d’autres approches.
L’Île-de-France et la Seine, en toutes saisons
Marié à une Française avec qui il aura trois enfants, le peintre va vivre successivement à Louveciennes puis Marly-le-Roi, Sèvres et enfin à Moret-sur-Loing où il reste jusqu’à la fin de sa vie. “Je suis donc depuis bientôt 12 ans à Moret ou aux environs” écrivait-t-il à un des ses amis en 1892. “C’est à Moret devant cette nature si touffue, ses grands peupliers, cette eau du Loing si belle, si transparente, si changeante, c’est à Moret certainement que j’ai fait le plus de progrès dans mon art; surtout depuis trois ans. Aussi quoiqu’il soit bien dans mes intentions d’agrandir mon champ d’études, je ne quitterai jamais complètement ce coin si pittoresque”.
Alfred Sisley, “À Saint Mammès (confluence du Loing et du canal du Loing)”, 1892, 66 x 92,5 cm, huile sur toile
© Museu nacional d’art de Catalunya, Barcelone
L’Ile-de-France et les paysages de bords de Seine seront au coeur de son oeuvre. Quant à L’Angleterre, Sisley y retourne à quatre reprises. Il peint notamment “Sous le pont de Hampton Court” en 1874, un tableau qui selon l’historien de l’art Kenneth Clark, correspond au “moment parfait de l’impressionnisme”.
Alfred Sisley ” Sous le pont de Hampton Court” 1874, huile sur toile, 50 x 76 cm
© Kunstmuseum Winterthur
Alfred Sisley a peint près de 1000 toiles mais de son vivant, malgré de nombreuses expositions, il n’a jamais connu un franc succès. Atteint d’un cancer, il meurt en 1899 à Moret-sur-Loing à l’âge de 60 ans, après avoir demandé à Claude Monet de s’occuper de ses enfants. Ce dernier organisera quelques mois plus tard une vente des tableaux de Sisley à Paris. Ce sera un succès.
Mais il faudra attendre le XXe siècle pour qu’Alfred Sisley soit enfin reconnu comme un des maîtres de l’impressionnisme et un des plus grands peintres paysagistes du XIXe siècle.