Nous étions quelques-uns en ce début d’année à ne pas être Charlie Hebdo, même si nous partagions l’émotion suscitée par le lâche et sanglant attentat perpétré en janvier dernier. Nous, du moins certains, ne l’étions pas depuis belle lurette en raison de ses attaques souvent abjectes contre des causes qui nous sont chères, comme la diversité régionale que l’hebdo renaissant vient une fois de plus de prendre dans sa ligne de mire.
Ainsi, dans le dernier numéro : « T’en connais beaucoup, de Noirs et d’Arabes qui voudraient apprendre ces langues de ploucs ? », demande un père de famille breton en sabots à son fils tout aussi avachi. Titrée « Les langues régionales utilisées pour la sélection à l’école », cette caricature de Riss, directeur de la publication de Charlie Hebdo, provoque la colère sur les réseaux sociaux bretons qui, selon breizh-info.com, « s’en prend donc de façon totalement gratuite à la langue bretonne, mais aussi aux Bretons, dessinés sous les traits de consanguins ».
Pour l’Agence Bretagne Presse, Charlie Hebdo présente les Bretons comme « des tarés racistes avec une légende suggérant que les Bretons mettraient leurs enfants à Diwan ou dans les écoles bilingues afin d’éviter qu’ils ne côtoient des enfants noirs ou arabes ». Cette violente charge ultra-jacobine intervient au moment où la France s’apprête à ratifier la Charte européenne des langues régionales du Conseil de l’Europe.
Avant la Bretagne, l’Alsace avait eu droit, il y a quelques années, à une attaque en règle de Charlie avec cette accroche : « Laïcité : la République s’arrête où l’Alsace-Moselle commence. » Et d’y constater que « les lois républicaines m’autorisent à blasphémer en France. Strasbourg est en France. Et je n’aurais pas le droit de blasphémer à Strasbourg ? Quoi encore ? Dois-je en déduire que Strasbourg n’est pas vraiment en France ? Dans celle de Charlie de cette semaine, certainement pas !