Mohamed Louizi, qui avait déjà montré l’infiltration musulmane dans l’équipe de « En Marche! », nous fait à présent un portrait des plus intéressants d’Edouard Philippe, présenté comme le futur Premier ministre de Macron. A savourer…
Selon toute logique, le profil du futur Premier ministre d’Emmanuel Macron devrait être compatible avec les «réformes» que le nouveau président aimerait conduire : qu’il s’agisse de réformes sociales, économiques, sociétales ou autres. Un nom est désormais pressenti pour être, potentiellement, ce futur Premier ministre. Il s’agit d’Édouard Philippe (LR), député-maire juppéiste du Havre[1]. Il est aussi ancien membre du réseau/programme franco-américain «Young Leaders». Tout comme un certain François Hollande (promotion 1996) ou même son successeur Emmanuel Macron (promotion 2012). Ce dernier connaîtrait, vraisemblablement, son potentiel futur Premier ministre au moins depuis 2012, lorsque la promotion Young Leaders, de cette année, avait mis le cap sur Le Havre, invitée par le maire de la ville[2].
Il se murmure ici où là que l’un des enjeux sociétaux du quinquennat Macron serait la «réforme» du cadre constitutionnel laïc français, pour, dit-on, adapter la loi du 9 décembre 1905 à l’islam et à la tradition évangéliste (le traitement accordé par « En Marche! » à Manuel Valls en est un symptôme parmi tant d’autres). Là aussi, le profil du futur Premier ministre devrait correspondre. Par ailleurs, l’on se souvient de cette étude intitulée «un islam français est possible», que l’Institut Montaigne avait publiée en septembre 2016[3]. Cette étude avait recommandé quelques orientations. Certaines vont dans le bon sens. D’autres sont très dangereuses et menaceraient l’équilibre fragile trouvé, il y a plus de 110 ans, entre État et religions. J’y reviendrai le moment venu.
L’auteur de cette étude est le franco-tunisien Hakim al-Karoui. Comme Emmanuel Macron, lui aussi est passé par la banque Rothschild[4], homme des réseaux d’influence « soft power », ancien à son tour du réseau franco-américain Young Leaders et qui, en 2008, avait fondé un réseau/programme similaire entre l’Europe et la Méditerranée — « Young Mediterranean Leaders » — «dont de nombreux membres sont entrés au gouvernement tunisien»[5]. Dans un document de travail (non public), de 26 pages, de l’Institut Montaigne intitulé «L’islam français : le connaître, l’organiser – Présentation des recommandations au Comité directeur de l’Institut Montaigne», datant de juillet 2016, dont je garde une copie, on trouve l’ossature du document rendu public, mais pas que !
Ce document non communiqué — j’y reviendrai — recommande, vers la fin, deux choses : «aggiornamento de la loi de 1905» et «extension du Concordat sur tout le territoire». Les rédacteurs considèrent que la loi de 1905 n’est plus adaptée car «conçue pour gérer un stock défini et non un flux de cultes en métropole» : remarquez comment le rapport « laïcité »/ »culte » sont approchés avec des termes marchands «stock», «flux» ! Toujours selon ce document, la laïcité pourrait «faire l’objet d’une actualisation en procédant à la «nationalisation» de tous les édifices cultuels construits entre 1905 et aujourd’hui en France, pour les soumettre au même régime juridique que les édifices cultuels antérieurs à 1905» : une nationalisation qui coûterait des milliards d’euros. Plus loin encore, ce document préconise l’« abrogation de la loi de 1905 et la révision en profondeur de la Constitution. Création d’une politique publique religieuse prenant en charge les nouveaux cultes (notamment islam et évangélisme). La puissance publique finance, organise et contrôle ces cultes». Le coût de cette mesure est estimé à quelques 17 milliards d’euros : le multiculturalisme a un coût !
Sur cette question de la laïcité, il semble(rait) que la feuille de route d’Emmanuel Macron serait celle préconisée par l’Institut Montaigne : à confirmer. Les imprudents diraient même que cela ressemblerait à une adaptation à l’américaine du cadre laïc français : place au multiculturalisme, fin de la neutralité de l’État, accommodements raisonnables, etc. D’autant plus qu’Emmanuel Macron, Hakim al-Karoui (Institut Montaigne) et Édouard Philippe se connaissent et font partie, tous les trois, des promotions du réseau/programme franco-américain… Young Leader, à l’image d’une certaine Hillary Clinton — Young Leaders à son tour — et qui, sous la présidence Obama a tout fait pour légitimer les Frères musulmans dans le monde arabe. Peut-être, aurait-elle été influencée par sa conseillère islamiste Huma Abedin[6] ou s’inscrirait-elle dans un mouvement global et globalisant qui voit en l’idéologie des Frères musulmans un allié néolibéral-compatible. Dans son livre « Le monde ne tourne pas rond, ma petite fille » (Flammarion-2017), la journaliste Sonia Mabrouk avait mis en évidence la « confiance » et la « bienveillance » de Clinton à l’égard des islamistes tunisiens, considérant l’idéologie des Frères musulmans d’Ennahda comme étant « compatible avec la démocratie »[7] !
La question de la laïcité a été marginalisée lors de la campagne à la présidentielle. Elle s’imposera sans doute dans les jours et semaines à venir. Répondre à la crise économique et sociale ne peut se faire par la mise en danger de ce qui fait la stabilité de la République française depuis 1905. Une chose est certaine, la personnalité du potentiel Premier ministre semble être relativement en accord avec une certaine vision de la laïcité. Accessoirement, certaines fréquentations d’Édouard Philippe peuvent susciter bien des interrogations — inutile de rappeler que Le Havre est un fief important de l’UOIF et de bien d’autres islamistes qui ont pignon sur rue. Par ailleurs, il y a quelques mois, le député-maire a reçu au Havre un élu frère musulman marocain, Mohamed El-Bachir Abdellaoui, du parti islamiste PJD (Parti Justice et Développement), pour signer un protocole de jumelage entre Le Havre et la ville de Tanger, où cet islamiste occupe le poste de maire[8]. Ce même El-Bachir Abdellaoui a défrayé la chronique de l’autre côté de La Méditerranée très récemment, lorsqu’il a demandé une étrange fatwa au Conseil des Oulémas — au nom de sa fonction de maire de Tanger ! — pour savoir s’il est islamiquement licite ou illicite d’ériger deux statues d’Ibn Batouta et d’Hercule dans les rues de Tanger. Une demande plutôt salafiste radicale, pour ne pas dire «daechienne», qui a étonné ledit Conseil des Oulémas marocains [9] !
Ailleurs, on voit Philippe Edouard dans une photo s’entraîner avec la boxeuse Amina Zidani, qui n’est pas islamiste. Dans une autre photo, le député-maire l’a décorée pour ses exploits. La boxeuse est une star du club «DON’T PANIK TEAM», que préside le rappeur islamiste MEDINE et que gèrent les membres de sa famille[10]. Pour mémoire, MEDINE avait co-publié en 2012 un ouvrage intitulé «Don’t panik» avec Pascal Boniface. Habitué des rencontres des Frères musulmans de l’UOIF au Bourget, MEDINE multiplie les attaques contre la laïcité. C’est bien lui qui avait annoncé l’apocalypse antirépublicain dans son «Don’t Laïk». Il chante : «Je scie l’arbre de leur laïcité avant qu’on le mette en terre». Il appelle dans cette chanson à crucifier «les laïcards comme à Golgotha» ! Ce même terme «laïcards», on le trouve dans ce document de travail de l’Institut Montaigne précité. A la page 24, là où le comité directeur recommande un «aggiornamento de la loi 1905 », il signale un risque politique, je cite : «opposition des «laïcards» mais aussi des associations cultuelles qui n’ont pas envie d’être dépossédées de leurs bien», fin de citation.
Bien que Philippe Édouard ait parfaitement le droit de décorer une sportive havraise — en décorant indirectement, par ce biais, le club de MEDINE — ou de s’entraîner avec elle ; bien qu’il ait le droit de signer des protocoles de jumelage avec des maires (y compris islamistes) venant d’autres pays, certaines proximités étranges, ajoutées à d’autres indices troublants, peuvent susciter bien des interrogations citoyennes légitimes. D’autant plus que son éventuel futur poste de Premier ministre exige que l’on fasse toute la lumière sur ce qu’il compte faire au sujet de la laïcité et de cet «aggiornamento» que recommande(rait) l’Institut Montaigne. Car, c’est bien de l’équilibre de la République dont il s’agit et de la place qu’elle saura donner, ou pas, aux islamistes dans le quinquennat Macron, en marge de l’abrogation plausible de la loi de 1905.
Après ces quelques lignes, je retourne à ma retraite !
Mohamed Louizi – Riposte laîque