Le député-maire du Havre, nommé Premier ministre par Macron, a tenu une chronique pour Libération durant la campagne. Et il n’a pas eu des mots toujours tendres à l’égard d’Emmanuel Macron. Ce qui prouve combien les ordres viennent d’ailleurs…
De janvier 2017 et jusqu’au début du mois de mai, Edouard Philippe, le député-maire Les Républicains du Havre, a tenu une chronique pour Libération. Un travail éditorial décliné en une quinzaine de textes, lors duquel il a largement évoqué la campagne présidentielle et ses acteurs, parmi lesquels Emmanuel Macron.
C’est dans sa toute première chronique, datée du 18 janvier et répondant à la question “Qui est Macron?”, que le juppéiste s’est montré le plus incisif. Evoquant Emmanuel Macron comme un “banquier technocrate”, il estimait alors que celui-ci, comparé à Pierre Mendès France ou à JFK, avait moins de charisme que Kennedy et moins de principe de Mendès France.
“Le Romain qui ressemble le plus à Macron, ce n’est pas Brutus, c’est Macron. Naevius Sutorius Macro, dit Macron, haut fonctionnaire (si si) devenu, à la faveur d’une révolution de palais, le conseiller de Tibère, empereur détaché des affaires courantes, il finira par l’assassiner”, écrit Edouard Philippe, qui en profite pour dénoncer les attaques sexistes à l’égard de Brigitte Macron:
“Ce qui est certain, c’est que ce Macron, personnage mineur de l’histoire romaine, mettra fin à ses jours et à ceux de sa femme sous la pression de Caligula. On ne souhaite cela ni à son homonyme ni à Brigitte qui, elle, m’apparaît à chaque nouvelle critique de goujats machistes plus sympathique encore”, ajoute-t-il.
Macron “n’assume rien mais promet tout”
Le maire du Havre estimait ensuite qu’Emmanuel Macron “n’assume rien mais promet tout, avec la fougue d’un conquérant juvénile et le cynisme d’un vieux routier”.
“De quoi restera-t-il le nom? D’une révolution manquée ou d’une victoire éclair? D’une trahison misérable ou d’une ambition démesurée?”, s’interrogeait le député quadragénaire.
Ancien élève d’hypokhâgne1, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris (section Service public, promotion 1992)2 et ancien élève de l’École nationale d’administration (promotion Marc-Bloch, 1995-1997)3, il commence sa carrière au Conseil d’État en 1997, en se spécialisant dans le droit des marchés publics (!!!).
« Un homme froid et distant », « dénué d’états d’âme », « une ambition démesurée »… Dans « Lapins et merveilles », la journaliste Gaël Tchakaloff qui a passé 18 mois avec l’équipe de campagne d’Alain Juppé lors de la Primaire de la droite, dépeint Edouard Philippe, cette « petite mascotte juppéiste » comme une « bête de communication », une « girouette attachante », mais « dénuée d’états d’âme ». Derrière « l’apparence débonnaire », l’auteure pointe du doigt « une arrogance, un excès de confiance en soi, une ambition démesurée ».
Edouard Philippe est maire du Havre depuis 2010. Son prédécesseur, Antoine Rufenacht, du même parti (UMP), avait mis à disposition un terrain municipal pour la mosquée Mesjed Ennour (radicale, voir plus bas) lors de la séance du conseil municipal du 14 mai 2007 :
« Le terrain d’assiette représentant une emprise d’environ 1 812 m² issue des parcelles cadastrées section RN n° 77, 59 et 81, propriété de la Ville du Havre, sera mise à disposition de l’association dans le cadre d’un bail emphytéotique administratif en cours de finalisation. » Lire l’intégralité de la délibération.
A postériori, interrogé dans le quotidien Paris-Normandie, Edouard Philippe justifiait ce coup de pouce : « La délivrance d’un permis s’inscrit strictement dans le respect du droit de l’urbanisme […] Par ailleurs, on a parfois fait en sorte de mettre un terrain à disposition ou de participer au financement d’équipements culturels contenus dans le projet cultuel. » (source)
Edouard Philippe a inauguré cette mosquée comme on peut le voir sur la page Facebook de la mosquée et sur
Le président de la mosquée s’appelle Hadj Khababa (Paris-Normandie), et partage sur Facebook les vidéos de Tariq Ramadan (petit fils du fondateur des Frères Musulmans et laudateur de Youssef Al-Qaradawi qui préconise de tuer les homosexuels, les apostats et les juifs. « J’éprouve un profond respect pour le savant Qaradawi » affirme T.Ramadan)
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Pour diriger sa majorité parlementaire, Emmanuel Macron a donc choisi… un cancre de l’Assemblée. En cinq ans, Edouard Philippe, le nouveau locataire de Matignon, ne s’est en effet pas tellement fait remarquer du côté du Palais Bourbon. Ou alors, plutôt par son absence ! Depuis sa première élection comme député, en 2012, il compte à son actif seulement dix interventions dans le débat législatif. Et sur les 404 textes adoptés par le Parlement au cours du dernier quinquennat, seuls six projets de loi ont retenu l’attention du maire du Havre !
Edouard Philippe ne peut pas non plus attester une grande présence en commission des lois, où sa technicité d’avocat et de conseiller d’Etat auraient pourtant pu être appréciées. Alors que celle-ci s’est réunie pas moins de 491 fois en cinq ans, le député-maire du Havre n’y est intervenu que 25 fois, soit un peu plus d’une fois toutes les 20 réunions. Et parfois pour seulement une phrase. Tout sauf un pilier des lieux… Quant aux amendements, ce mode d’élaboration de la loi cher aux parlementaires n’aura pas plus intéressé le nouveau chef du gouvernement. Durant sa carrière à l’Assemblée, il en a signé à peine… six, quand certains de ses collègues en sont à des dizaines de milliers. De quoi le classer parmi les 100 députés les moins assidus, selon l’observatoire citoyen nosdéputés.fr.