Dans une publication précédente, je faisais état de choix gouvernementaux contradictoires qui alimentent une actualité chamboulée. La liste s’allonge de ce qu’on pourrait qualifier d’oxymores politiques, tant des options antagonistes et débridées semblent émerger de cabinets et ministères sommés d’allumer des contre-feux pour faire écran à l’abîme qui s’avance inexorablement dans le compte à rebours vers 2017.
Ainsi en est-il de la dernière avanie avec la pénalisation des clients de prostituées, à comparer avec la tentative – renouvelée – de libéralisation de l’usage du cannabis. D’un côté, on crée un délit, de l’autre on absout et on légalise un fléau social. Dans la rubrique bonheur des citoyens, une tentation séculaire conduisant à un plaisir fugitif doit disparaître, et l’on offre en revanche les fumerolles du rêve pérenne sous contrat aidé.
Au cri de « La prohibition alimente les mafias ! » (qui s’enrichissent aux dépens des clients), l’État veut se substituer à elles pour assainir le marché et probablement contrôler la qualité de la marchandise. Va-t-il recréer une société nationale pour importer – ou cultiver – et traiter l’herbe vendue dans les bureaux de tabac recyclés ? Avec la TVA qui s’impose, un joli pactole est en vue, qui comblerait Bercy autant et plus sûrement que les « papiers de Panama ».
Pour les addictifs au plaisir furtif et monnayé, pourquoi également ne pas contrôler le business au lieu de le sanctionner, ce qui, à l’évidence, s’avérera impossible, surtout en état d’urgence – de l’État et du client, concomitamment. Il sera surtout générateur de toutes les dérives, compromissions, corruptions, bref, d’innombrables effets pervers, mais pas sur le champ prévu.
Marthe Richard, avec sa loi (70 ans en ce jour du 13 avril), a généré autant de désordre sociétal que Martine Aubry et ses 35 heures. Les esprits lucides et progressistes qui abondent pourtant dans la société et les rangs politiques n’ont pas osé l’abrogation, d’autant que la parité impose désormais des limites aux velléités « licencieuses ». Pourtant, des modèles existent en Europe, et notre voisine à l’Est, si souvent citée en exemple, pourrait positivement conseiller sur ce sujet nos moralisateurs et parlementaires affidés.
Et puis, là encore, Bercy pourrait tirer de substantiels revenus d’un commerce contrôlé et taxé en empêchant la délocalisation des clients et l’évasion de certains revenus vers des paradis plus sensuels que fiscaux.