Cette fraude qui infeste la science…

 

Lorsqu’on évoque le concept de science dans ses plus imposantes dimensions et que défilent en filigrane les noms d’éblouissants personnages, on imagine aussitôt avec fascination cette lente mais inexorable avancée de l’humanité à la recherche d’elle-même pour comprendre le monde qui est le sien. En apparence, rien de plus pure, de plus désintéressée, de plus honnête que cette lutte de toutes les époques, de tous les pays, pour ce qu’on appelle le progrès.

Le scénario semble être toujours le même : un homme seul, souvent démuni, toujours incompris, met son génie au service de ses semblables. Ici s’imposent quelques figures dont celles de Louis Pasteur, d’Alexis Carrel et, pour rester dans la couleur locale, d’Alexandre Bell et de Thomas Edison. Mais derrière cette honorable mise en scène se profilent parfois les ombres de la perversité. Avec bien d’autres avant et après lui, Thomas Jefferson, l’un des Pères fondateurs de l’Amérique, nous mit en garde. « Les hommes de science sont à l’image des hommes de loi, écrit-il. Beaucoup se montrent bien plus scrupuleux que la moyenne des hommes et c’est un bonheur pour la société. Mais un très petit nombre partage avec le commun des mortels son amour de la notoriété, son goût pour le luxe et sa passion pour l’argent. »

Depuis un siècle, le corps des scientifiques a été multiplié par cent. Dans le même temps, la corruption a suivi la même trajectoire. Un récent rapport de l’Office of Research Integrity montre que, sur 742 travaux à caractère scientifique (toutes disciplines confondues), 118, soit 16 %, durent être écartés pour erreur délibérée ou fraude caractérisée.

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L’un des exemples les plus ahurissants fut, dans ce domaine, celui du biologiste et professeur d’université Alfred Kinsey (1894-1956), qui reste dans les annales du conformisme comme le « père de la révolution sexuelle » des années soixante. Bisexuel, dépravé et vicieux, Kinsey ne semble avoir eu dans toute sa vie de « chercheur scientifique » qu’une seule obsession : prouver à ses compatriotes, et accessoirement au monde entier, que très peu d’hommes et de femmes ont, en réalité, une attitude sexuelle répondant aux normes morales communément admises. Autrement dit, pour Kinsey, l’écrasante majorité des humains recèle toutes les caractéristiques de dévoyés, de dénaturés sexuels dont la principale préoccupation, à l’ombre de la bienséance bourgeoise, consiste à assouvir leurs divers dérèglements au prix de mille ruses et de mille hypocrisies. Au fond, Kinsey a fabriqué un homme et une femme à son image, selon ses propres critères et ses propres fantasmes avant d’affirmer, « preuves » à l’appui, que des centaines de millions d’hommes et de femmes – restons dans l’univers occidental – lui ressemblaient comme deux gouttes d’eau.

Les preuves, justement ? En tant que « scientifique », Kinsey fut bien obligé d’en fournir. Mais prendre un véritable échantillon de la société américaine et le faire passer au crible de questions sur ses attitudes, ses réactions, ses désirs dans l’intimité amoureuse, aurait été vraiment trop risqué. Alors Kinsey s’immergea dans l’imposture et la fraude.

Professeur confiant, pionnier audacieux et cynique, ce biologiste subventionné ratissa sans vergogne, à Chicago et aux alentours, 90 % de ses cobayes dans les lupanars de banlieues, les bars homosexuels, les prisons locales. Ainsi furent poussés dans des laboratoires de sexologie plusieurs milliers de prostituées, de souteneurs, de sodomites, de violeurs et de psychopathes dont Kinsey avait besoin pour ses études de comportement mitonnées aux petits oignons. Avec cette population de marginaux, le gourou du sexe ne prenait aucun risque. Il put conclure, dans deux livres et un rapport restés célèbres, que les Américains, au-dessous de la ceinture, étaient presque tous d’incurables déviants. Fantaisie née d’un cerveau fêlé, perversion pétrie dans une machination démoniaque, cette conclusion fit grand bruit dans le pays qui l’adopta – Kinsey avait en haut lieu des alliés et des complices – comme une découverte marquée du sceau de la science.

Dans les années soixante, ce scandale ne frappa que quelques esprits vigilants. Car le vieil adage s’affirme toujours valable : plus l’escroquerie est énorme, plus elle paraît invraisemblable et plus grandes demeurent ses chances d’être acceptée par l’opinion. Ce fut vrai pour Kinsey. Ce fut vrai aussi, autre exemple caractéristique, pour le réchauffement climatique mondial. Là aussi, l’énormité des assertions n’a finalement ébranlé qu’une poignée d’esprits en alerte. Là encore, la science fut chargée de recouvrir n’importe quelle manipulation. Il fallut une vertigineuse impudence pour décréter un jour que ce réchauffement était dû exclusivement aux activités humaines, alors que nous savons bien peu de choses sur le mécanisme du système complexe dans lequel nous vivons.

En 2005, le programme de l’Organisation des Nations unies concernant l’environnement annonça, le plus sérieusement du monde, que si les pays les plus pollueurs ne prenaient pas des mesures draconiennes, il y aurait en 2010 un minimum de 50 millions de réfugiés « climatiques ». Quatre ans plus tard, la très sérieuse unité de recherche de l’université East Anglia, en Angleterre, reprend ce grossier mensonge et invite à en démonter le mécanisme. Environ 95 % des « experts » groupés autour des différents pôles d’attraction du politiquement correct s’affichent officiellement convaincus que le réchauffement actuel provient de la civilisation industrielle. Ce chiffre de 95 % paraît massif, imposant, sans concessions. A ce niveau d’adhésion parmi les spécialistes dans un domaine précis, on peut parler de consensus, c’est-à-dire que le poids du nombre est sanctifié, de facto, par le prestige de la science.

Le consensus et la science ne font alors plus qu’un. Tant pis si cette quasi-unanimité n’est que le reflet d’un conformisme surtout sensible aux retombées financières, aux carrières facilitées, aux honneurs largement répartis. Tant pis si, à l’occasion de cette honteuse supercherie, quelques bonnes vérités restent soigneusement cachées. Celle-ci, par exemple : le consensus est une préoccupation de politiciens – pas de scientifiques. La science est même exactement le contraire d’un consensus : une inspiration assaillie d’hypothèses à vérifier qui, après un travail acharné, peut avoir raison contre tous. Autrement dit : le génie inconnu opposé à une cohorte d’opportunistes autoproclamés gardiens du dogme.

Les vrais scientifiques furent tous des révolutionnaires (Copernic, Semmelweis, Pasteur…) et les faux sont tous des manipulateurs de consensus : le chœur des « experts » pour le climat ; l’orchestre des médias pour le sport. L’un des objectifs du féminisme à l’horizon 2050 : que les femmes courent plus vite que les hommes sur les stades, qu’elles nagent plus vite dans les piscines, qu’elles patinent plus vite sur la glace. Un objectif fouetté par une certitude brandie comme un drapeau : pendant des siècles, les femmes ont été tenues en laisse loin des stades, des piscines et des patinoires, ce qui explique leur lourd handicap dans les épreuves physiques. Handicap superficiel, claironnent les médias aux ordres, qu’un surentraînement pourra gommer dans moins de deux générations. Rien n’est plus douteux, affirment trois médecins, Stephen Seiler, Jos de Koning et Carl Foster, qui ont étudié les performances sportives des deux sexes au cours des cinquante dernières années. Leur conclusion : entre les hommes et les femmes, le fossé se creuse au lieu de se combler. Cependant, précisent-ils, les deux séries de résultats à comparer se sont notablement et artificiellement rapprochées lorsque les femmes ont utilisé comme stimulant des stéroïdes – hormones synthétiques mâles. Mais lorsque les contrôles anti-dopage forcèrent les femmes à abandonner cette (coupable) habitude, l’écart entre leurs performances et celles des hommes se creusa de nouveau. Normal, puisque les hommes ont l’avantage que la nature leur accorde de pouvoir se passer de ce genre de drogue : ils produisent naturellement et en grande quantité des stéroïdes qui expliquent, bien sûr, leur supériorité physique. Un « détail » que les médias aux ordres du féminisme ont eu du mal à admettre. La victoire de la science sur l’idéologie fut aussi discrète qu’éphémère. L’imposture a encore un bel avenir devant elle.

Christian Daisug – Présent

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