Par Caroline Parmentier
Il n’y a aucune spiritualité dans ce blockbuster hollywoodien qui fait du déluge une fable contre le changement climatique et de Noé une sorte de héros Marvel assez noir aux supers pouvoirs, possédé par ce qu’il croit être sa mission divine : il doit exterminer la race humaine dévoyée pour laisser place aux animaux. Dans cette prise de conscience environnementale, il va finir par essayer de tuer sa famille entière… Après une traversée éprouvante dans l’arche où il menacera de devenir une sorte d’intégriste religieux, il se reprendra au dernier moment ! Bien heureusement pour nous tous ses descendants.
Avant ça et tout au long de 2 h 18 souvent barbantes et parfois grotesques, Noé affronte la tribu des Tubal-Caïn, les descendants de Caïn, le frère d’Abel, qui attaquent l’arche pour monter à bord. Si le nom de Tubal-Caïn existe bien dans l’Ancien Testament, rien ne dit qu’il a vécu à l’époque de Noah. Et le texte sacré ne mentionne aucun passager clandestin sur l’arche. Encore moins des anges déchus à six bras, sortes de Transformers de pierre de cinq mètres de haut, qui vont construire l’arche aux côtés de Noé.
Le patriarche et sa famille sont végétariens et soucieux de la nature (le réalisateur a déclaré que Noé était « le premier écologiste ») alors que les Tubal-Caïn sont des viandards qui massacrent les animaux et les hommes et laissent derrière eux des restes de gratte-ciel décatis.
Le comble du comble reste encore le traitement de l’embarquement et du débarquement des animaux et de leur traversée – on n’attend que ça pendant une bonne heure – complètement bâclé et traité par-dessous la jambe. On les voit très peu, puis ils sont endormis par des sortes de fumigations. Bref, une escroquerie. Tout comme le déluge, d’ailleurs, dont on espérait quelques images un peu plus choc.