Par Alain Sanders
Fièvres électives obligeant, on n’a pas assez porté attention (à l’exception de Présent, bien sûr) à un fait divers qui s’est déroulé à Grenoble (un fait d’Isère, donc) le 20 mars dernier. C’est dommage. Et c’est pourquoi mon héros de la semaine sera un jeune sapeur-pompier qui n’a pas eu peur de se griller…
L’autre protagoniste de cette anecdote signifiante, et à quelques égards emblématique, c’est Valls. En déplacement à Grenoble, donc, il a croisé devant la préfecture où il se rendait des pompiers engagés dans un long conflit sur leur temps de travail et qui manifestaient là. Encadré par un quarteron de gardes du corps, Valls a voulu la jouer cool Raoul en allant à la rencontre des manifestants.
Et là, il est tombé sur un os : un jeune sapeur-pompier. Pas plus impressionné que ça par ce chantre (et même ce chancre) du gouvernement en tournée de propagande, il a refusé de lui serrer la main. Grosse colère du petit roquet catalan ! Vexé comme un pou, méchant comme une teigne, irrité comme un morpion, il a fait la leçon au rebelle :
— Quand on refuse de serrer la main à une personne, on a perdu ses valeurs (sic). Vous n’êtes pas un gamin, vous exercez des responsabilités.
C’est déjà assez gonflé d’autoritarisme arrogant. Mais ça a continué, menaces sous-jacentes :
— Je vous invite, devant un ministre de l’Intérieur, un membre du gouvernement, à vous comporter comme un sapeur-pompier, il y a une hiérarchie chez les sapeurs-pompiers, vous devez la respecter.
Sa hiérarchie, il la respecte, ce sapeur-pompier. Ce qui ne l’oblige pas pour autant à faire la danse du ventre devant un ministre de circonstance, le représentant – justement – d’un gouvernement dont tout le monde, et les pompiers aussi, a plus que largement soupé.
On aime ce sapeur-pompier qui n’a pas plié devant l’autocrate. Comparaison n’est pas raison, mais on aurait aimé qu’en une autre circonstance, il se fût trouvé quelqu’un pour montrer une telle détermination.
C’était pendant la première guerre du Golfe. Venu voir les troupes sur le terrain, Michel Rocard, alors Premier ministre, avait froidement déclaré devant un aréopage de gradés : « Vous savez, moi, pendant la guerre d’Algérie, j’étais dans le camp d’en face. » C’est-à-dire dans le camp de ceux qui tiraient sur l’armée française. Et il n’y eut personne, pas même un petit sous-lieut pour – je ne dis pas le gifler, faut pas rêver – au moins toussoter une sorte d’indignation…
L’autocrate Manuel Valls ferait mieux de remiser ses leçons ou de les réserver à son épouse, Anne Gravoin. Selon une information circulant sur le net (et non démentie par les intéressés à ce jour), Mme Gravoin-Valls aurait usé de ses relations (intimes) pour faire annuler le PV de stationnement d’une amie. Soit 17 euros, une broutille pour des nantis qui ont du fric jusqu’aux oreilles.
Ulcérée par ce PV – c’est nous qu’on est les princesses – Anne Gravoin, qui connaît la musique, aurait déclaré : « J’appelle immédiatement Manuel. » Deux heures plus tard, un commandant du groupe de sécurité contactait le gardien de la paix en poste devant le domicile de la diva pour lui dire « qu’il s’occupait de faire le nécessaire ». En annulant le PV.
Alors, que Valls donne d’abord l’exemple de l’exemplarité. Ce n’est pas parce que la maison socialiste est en train de cramer qu’il faut s’en prendre aux pompiers. Ce ne sont pas eux qui ont bouté le feu…