L’église abbatiale Saint Martin de Plaimpied est l’un des rares édifices du Berry à être dotée d’une crypte encore accessible. On la découvre aujourd’hui dans un remarquable état d’authenticité. Elle est édifiée sur un point d’énergie tellurique important et orientée en direction du solstice d’été en référence à sa dédicace à Saint Jean Baptiste, fêté le 24 juin. Ces deux éléments en conditionnent toute l’architecture et la symbolique.
Sa construction, entreprise aux alentours de 1080, accueillera, en 1093, la première sépulture de Richard II, archevêque de Bourges. Son gisant (XIIIe siècle) est visible aujourd’hui dans le bras sud du transept de l’église. La crypte est accessible sur le côté du chœur dans le transept nord; elle est constituée de trois nefs et de trois travées se terminant par des absides et est éclairée par des fenêtres au ras du sol. Son plan s’organise en déambulatoire autour de quatre colonnes monolithes disposées en carré parfait orientées selon les quatre points cardinaux. Surmontées de chapiteaux cubiques épannelés, les colonnes sont annelées et légèrement galbées. Elles soutiennent un ensemble de voûtes d’arête en pierre de blocage. Des prélèvements de pierre en forme de cupule sur les colonnes et quelques graffitis témoignent du passage de nombreux pèlerins.
Un des grands intérêts de cette crypte est son décor peint sur le crépi des voûtes. Composé d’un semis de fleurettes à cinq pétales, le décor est agrémenté à certains endroits par de faux joints, souvent utilisés à l’époque romane. Les rubans de couleur ocre soulignent les arêtes, l’angle des arcs et entourent les clefs de voûte peintes. Les neuf clefs de voûte se répartissent régulièrement tout au long du déambulatoire jusqu’à l’autel en suivant une spirale.
La première est décorée d’un carré et la seconde d’un médaillon dans lequel s’épanouit un svastika. Où s’agit-il de la croix de la déesse celte Brigit? Sur les sept suivantes, on aperçoit encore des vestiges de médaillons identiques à celui de la seconde clef de voûte mais dont le motif central a malheureusement disparu. Tous ces ornements ont été peints au XIIIe siècle.
La crypte de Plaimpied pose encore des interrogations aujourd’hui, notamment au sujet de ces deux petits corridors qui, vers l’ouest, semblent pénétrer sous l’église. Ont-ils servi d’accès primitifs au cours de la construction? Quand l’ensemble fut achevé, on put accéder à la crypte par deux couloirs en plans inclinés partant des bas-côtés de la nef. Ce dispositif permettait aux laïcs et aux pèlerins de déambuler autour du lieu sacré sans pénétrer dans le chœur de l’église réservé aux clercs.
Ce n’est qu’en 1866, que les Monuments Historiques aménagèrent l’escalier actuel côté nord. La sortie sud de la crypte donne sur l’extérieur depuis le XVIe siècle.