Rififi à la Maison Blanche : une seconde “démission” ?

 

 L’équipe choisie par Donald Trump pour gouverner l’Amérique a encore des difficultés à se mettre en place alors que le successeur de Barack Obama célébrera dans quelques jours seulement son premier mois à la Maison Blanche. Ces difficultés tiennent à plusieurs raisons. D’abord, le côté déconcertant du personnage central, qui a des critères bien personnels pour juger ses collaborateurs, se les attacher ou les remercier. Ensuite, la guérilla lancée par les démocrates du Congrès, qui font tout pour retarder à la fois l’ouverture des dossiers importants et la confirmation des différents ministres. Enfin, la presse, considérée ici comme la véritable opposition au nouveau régime, qui entretient depuis la victoire du New-yorkais une atmosphère politique irrespirable proche d’une lancinante subversion. L’intoxication, la désinformation apparaissent permanentes : chacun se sent espionné, prêt à tout moment à périr sous les coups des petits flics d’un ordre battu qui attend sa revanche.

Ce rififi à Washington a déjà provoqué une première victime à la Maison Blanche : Michael Flynn, conseiller pour la sécurité nationale. Il a démissionné lundi soir. Plus exactement, Trump lui a demandé de lui remettre sa démission. Nuance : le général en retraite a commis une impardonnable erreur. Un autre tout proche du Bureau ovale est lui aussi coupable, non de fâcheuses bavures mais de graves omissions. C’est Reince Priebus, bras droit du président et patron de sa « garde » rapprochée. Sera-t-il prié, lui aussi, de quitter le cœur du pouvoir ? Possible. Selon les dernières rumeurs, son sort tiendrait à un fil. Ce même fil que Flynn, pour sa part, a bien été obligé de trancher. Pourquoi ? Une maladresse téléphonique, aggravée en fuite de secrets d’Etat. Bien avant l’investiture officielle de Trump le 20 janvier dernier, Flynn avait eu avec l’ambassadeur russe, Sergey Kislyak, plusieurs conversations téléphoniques au cours desquelles furent abordés tous les sujets d’un commun intérêt. Tous, sauf un : les sanctions économiques mises en place par Obama.

Flynn jura haut et fort que jamais il n’avait discuté avec l’ambassadeur de Vladimir Poutine d’un dossier aussi explosif, tabou même, puisque la nouvelle administration n’avait pas encore les clés du pays. Or, le script de ces conversations montre que Flynn a bel et bien évoqué ces fameuses sanctions avec son interlocuteur moscovite. Le général épinglé a plaidé l’étourderie, la fatigue, l’amnésie. Rien ne revêtit, aux yeux du milliardaire, ne serait-ce qu’un semblant d’excuse. Le couperet de Trump le président tomba sur ce commis de l’Etat, brouillon et malchanceux, comme il tomba tant de fois sur les employés indélicats ou incompétents de Trump le patron. L’homme a conservé ses principes et ses méthodes. Seront-ils utilisés contre Priebus ? Son cas est différent. Il n’a commis aucune faute contre l’éthique ou les usages. Il n’a pas mis en danger la gestion des affaires publiques par quelques confidences aventureuses. Il a simplement traîné les pieds au moment où il fallait foncer tous azimuts. Que reproche-t-on à cet ancien chef des instances du parti républicain ? Sa mollesse. Il aurait dû harceler nuit et jour les républicains du Congrès afin que la mécanique sénatoriale vouée à la confirmation des ministres puisse permettre à Trump d’obtenir dès les premiers jours de février un gouvernement au complet. Or, ce n’est pas le cas. Priebus est-il à la hauteur de sa tâche ? Est-il vraiment l’œil, les oreilles et la voix de la Maison Blanche sur la colline du Capitole ? Certains en doutent. Des noms de remplaçants circulent. Trump n’a pas encore tranché.

Photo en Une: Michael Flynn a payé les conséquences de son imprudence téléphonique.

Christian Daisug – Présent

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