La Grande Guerre à la devanture des libraires

 

Par Alain Sanders

La Dernière Lettre

Cette belle édition réunit des lettres parues en 1914 dans différents journaux français et dans un recueil publié en 1922 chez Flammarion (avec une préface du maréchal Foch) : La Dernière Lettre. Les Editions Michel de Maule, à l’origine de cette réédition, précisent : « Un geste d’hommage envers des vies brisées, broyées, massacrées, que cette réédition sauve d’une mort anonyme et oubliée… »

Dans sa préface de 1922, le maréchal Foch écrivait : « Le sacrifice de tous les soldats français tombés pour la défense de la patrie fut d’autant plus sublime qu’il fut librement consenti. Les Dernières Lettres montrent de façon touchante l’esprit idéal et pur dans lequel ce sacrifice a été fait ; c’est un monument de plus à la gloire impérissable du soldat français. »

Editions Michel de Maule.

Les Poètes de la Grande Guerre

On a retenu surtout les noms des plus connus : Alain-Fournier, Charles Péguy, morts au combat ; Blaise Cendrars, Guillaume Apollinaire, terriblement marqués dans leur chair. Mais il y en eut d’autres, beaucoup d’autres, des milliers d’autres qui laissèrent dans cette horreur leurs jeunes vies et leurs talents. Cette anthologie en ramène plusieurs à notre mémoire, nous rappelant que la poésie – ce qui peut paraître incroyable aujourd’hui – prit part à l’armement moral des Français. « Les hommes partirent,/les femmes pleurèrent,/mirent les chaussettes/dans la musette,/le pain,/le saucisson/et le kilo de vin,/mais ne dirent rien./Elles écrivirent : N’attrape pas froid,/cela durera moins de trois mois… «  (Maurice de Vlaminck).

Le Cherche Midi Editeur.

Cartes postales de poilus

La Grande Guerre racontée, là encore, par des mots simples et poignants. Des centaines de milliers de cartes furent envoyées par les soldats. Pour dire l’engagement, l’espoir, les combats, la douleur de la séparation, le sacrifice. « Je me contenterai d’une ligne, d’un mot, d’une enveloppe sans rien dedans, mais écris-moi souvent », dit l’un. « J’ai reçu ta lettre que tu me dit que tu vas manvoyer un poulet je peut te dire que jan ai pas manger depuis que je suis ici », dit maladroitement un autre. De la petite littérature ? Peut-être. Mais grande par les sentiments qu’elle sut exprimer et traduire mieux que les pages littéraires de circonstance (et surtout celles de ceux qui restèrent à l’arrière…).

First Editions.

William March : Compagnie K

Ce chef-d’œuvre est paru aux Etats-Unis en 1933. Il est publié pour la première fois en France (avec une superbe traduction) par les Editions Gallmeister. William Campbell (1893-1954), alias William March, combattit en France au sein de l’US Marine Corps. Il fut notamment décoré de la Croix de guerre, de la Navy Cross, de la Distinguished Service Cross.

Ce livre (étiqueté « roman », par pudeur) est un puzzle de 113 fragments. Des tranches de vie, des tranches de mort racontées par 113 hommes. Du simple soldat à l’officier en passant par le caporal, le sergent, l’adjudant. On les accompagne de la conscription à la démobilisation (au moins pour ceux qui en revinrent). Ce livre est un cri : « Le cri de milliers de gorges anonymes » (Graham Greene). Des hommes, de tout jeunes hommes, jetés dans la fournaise. « La guerre est faite par des braves gens qui s’entretuent et ne se connaissent pas, pour le plus grand profit de gens qui se connaissent fort bien et ne s’entretuent pas » (Paul Valéry, 1913).

• Mais aussi ces livres importants dont j’ai déjà rendu compte : Un de 14 et Il y a cent ans la Marne de Louis Fontaine ; La Grande Guerre du général Giraud de Henri-Christian Giraud.

 

 

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