Favoritisme à l’INA : Mathieu Gallet condamné à un an de prison avec sursis

(…) Le verdict est tombé pour Mathieu Gallet. L’actuel patron de Radio France a été condamné lundi par le tribunal de Créteil à un an de prison avec sursis et 20.000 euros d’amende pour délit de favoritisme, alors qu’il présidait l’INA. Il lui est reproché d’avoir signé, entre 2012 et 2014, des contrats qui ont coûté plus de 400.000 euros à l’établissement public sans mise en concurrence préalable. Le parquet avait requis un an et demi de prison avec sursis et 40.000 euros d’amende. Les avocats de Mathieu Gallet ont annoncé qu’il faisait appel de sa condamnation. (…)

Amélie Cladière, procureur dans cette affaire, a soupçonné un usage frauduleux de l’argent public à des fins personnelles. Dans le viseur de la magistrate, un premier contrat passé avec Denis Pingaud, un professionnel de l’audiovisuel payé comme conseiller externe par l’INA. Rémunéré 5000 euros par mois, il a perçu 130.000 euros hors taxes, facturés par une société qu’il dirigeait. Ce montant total aurait dû forcer l’établissement à mettre l’offre en concurrence, pour respecter la réglementation des marchés publics. Pour Mme Cladière, Mathieu Gallet s’est payé un «coach personnel» pour conquérir le poste de patron de Radio France. Une attaque que Mathieu Gallet juge «au minimum insultante, au pire diffamatoire».

L’autre contrat litigieux a été passé en 2013 entre la société de conseil Roland Berger Strategy et l’INA pour un total de 289.000 euros hors taxes. Celui-ci avait bel et bien été attribué au terme d’un appel d’offres, mais un appel d’offres jugé «trop court» par le procureur, et faussé par Mathieu Gallet qui aurait communiqué des informations sur le projet à Roland Berger dès 2010.(…)

 

La défense dénonce par ailleurs une affaire qui est le fruit d’une instrumentalisation politique du parquet. Les soutiens de Mathieu Gallet soulignent, par exemple, le fait que la date de renvoi en correctionnelle de l’affaire suit d’une semaine à peine la polémique qui avait opposé Radio France à François Bayrou, alors ministre de la Justice, autour de la révélation de l’affaire des emplois fictifs du MoDem.

Le patron de Radio France ne compte pas démissionner. Le haut fonctionnaire a assuré que, même en cas de condamnation, il achèverait son mandat à la tête de la maison ronde, prévu pour durer jusqu’en mai 2019..(…)

 

 

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